Les navires pollueurs traqués dans le détroit du Pas-de-Calais par un drone

Pas-de-Calais : Les navires pollueurs traqués dans le détroit par un drone

ENVIRONNEMENTL’engin sans pilote permet de mesurer le taux de soufre dans le panache d’émission des navires
Mikaël Libert

Mikaël Libert

Un drone qui sent le soufre. Depuis ce mercredi, un drôle d’engin sans pilote survole le détroit du Pas-de-Calais. Il n’est là ni pour établir un nouveau record de traversée de la Manche, ni pour tenter d’empêcher les migrants de voguer vers la Grande-Bretagne. Enfin pas en premier lieu. La principale fonction de ce drone est de débusquer les navires qui polluent l’atmosphère avec le soufre contenu dans les fumées de leurs moteurs.

Le détroit du Pas-de-Calais est l’une des zones au monde dans lesquelles le trafic maritime est le plus dense. Cela représente un flux de plus de 130.000 navires chaque année, marchandises et passagers confondus. Du coup, selon le ministère de la Mer, « cette région bénéficie d’un régime de protection renforcée en matière de lutte contre la pollution de l’air. » Alors que, dans le monde, la teneur en soufre des carburants des navires est fixée à un maximum de 0,5 %, ce taux ne doit pas dépasser 0,1 % pour les bateaux navigant dans le détroit du Pas-de-Calais.

Une mission de trois mois au-dessus du détroit

Une réglementation contraignante compliquée à faire respecter au vu de l’importance du trafic et de la surface à surveiller. Jusqu’alors, les autorités disposaient de moyens tels que « l’imagerie satellite, les informations de positionnement des navires et la surveillance par les aéronefs et les navires de patrouille maritime », explique-t-on au ministère. Néanmoins, pour matérialiser une infraction, des prélèvements de carburants sont systématiquement effectués à quai sur les navires suspects par des inspecteurs de sécurité. Le drone renifleur vient compléter cet arsenal.

Le drone de l'AESM survolera le détroit du Pas-de-Calais pendant trois mois.
Le drone de l'AESM survolera le détroit du Pas-de-Calais pendant trois mois. - Nordic Unmanned

L’engin est mis à la disposition de la France gratuitement pour une durée de trois mois par l’Union européenne en partenariat avec l’Agence européenne pour la sécurité maritime (AESM). Il est mis en œuvre, depuis mercredi, par le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) du cap Gris-Nez.

Détecter la pollution et potentiellement bien davantage

Le drone, une belle bête de 150 kg, volera au-dessus de la voie montante du dispositif de séparation de trafic (DST) du Pas-de-Calais et permettra « de mesurer le taux de soufre dans le panache d’émission » d’un navire grâce à une batterie de capteurs électrochimiques. Les données recueillies sont envoyées pendant le vol à l’AESM. En cas d’anomalie révélée par l’analyse des données, un contrôle pourra être déclenché lors de la prochaine escale du navire ou dans son port de destination.

Les missions du drone pourront aller au-delà de la traque des navires pollueurs. L’aéronef en question est une sorte de couteau suisse qui peut être équipé pour effectuer, par exemple, « de la détection de la pêche illégale, de la lutte contre le trafic de drogue et de l’immigration illégale », détaille l’AESM. Le ministère de la Mer n’a précisé si ces possibilités allaient être exploitées, tout en ajoutant que l’engin « pourra aussi contribuer aux opérations de recherche et de sauvetage en mer coordonnées par le CROSS. »