Coronavirus à Lille: Les cyclistes fustigent le port du masque obligatoire à vélo dans la métropole
SOCIETE•Des associations en appellent au préfet pour retirer une mesure jugée contre-productive dans la lutte contre le virusFrançois Launay
L'essentiel
- Depuis le 3 août, le port du masque est obligatoire à vélo dans la métropole lilloise.
- Une décision jugée contre-productive par des associations d’usagers qui veulent faire retirer la mesure quitte à aller jusqu’en justice pour obtenir gain de cause.
Certains le portent, d’autres le gardent sous le menton, il y en a même qui refusent de le mettre. A Lille, les cyclistes sont nombreux à fustiger le port du masque à vélo. Obligatoire depuis le 3 août dans la capitale des Flandres pour les piétons mais aussi pour les coureurs et les cyclistes, la décision préfectorale ne passe pas. Car dans des villes plus peuplées comme Paris ou Bruxelles, le port du masque à vélo n’est pas imposé.
Il faut dire que l’organisation mondiale de la santé (OMS) ne préconise pas du tout ce genre de geste dans la lutte contre le virus. « L’OMS nous dit que porter un masque lors d’une activité physique est dangereux. L’OMS préconise même le vélo comme geste barrière contre le virus car le cycliste garde naturellement ses distances avec les autres », assure Yannick Paillard, président lillois de l'association Droit Au Vélo (Adav), qui a envoyé une lettre ouverte au préfet du Nord en réclamant le retrait de la mesure.
La préfecture du Nord reste inflexible
Pour justifier sa décision de rendre le masque obligatoire à vélo, la préfecture du Nord prône le tout ou rien. « L’interdiction concerne la voie publique, sans distinction des usagers entre eux qui nuirait à la lisibilité de la mesure », explique-t-on du côté de l’institution. A pied, en courant ou à vélo, tout le monde porte le masque, un point c’est tout. Mais aucune analyse médicale ne vient appuyer cette décision. Et des exceptions existent ce qui provoque l’incompréhension des cyclistes
« Il y a une incohérence de dire que tous les modes de déplacements sont concernés. Car la voiture n’est pas concernée sous prétexte que c’est un domaine privé. Donc si on ouvre sa fenêtre en ville à côté des piétons, le virus ne circulera pas car il saura que c’est un domaine privé ? », ironise Yannick Paillard qui pointe un autre problème.
« On est en train de décourager le vélo au moment où il faudrait faire l’inverse. Si les gens ne veulent pas non plus se reporter sur les transports en commun au risque d’être entassés, ils reprendront leur voiture. C’est totalement contre-productif », regrette le président de l’ADAV.
Les usagers menacent de saisir le conseil d’Etat pour retirer la mesure
En France, Lille n’est pas un cas isolé. D’autres grandes villes comme Toulouse ou Nantes ont aussi imposé le port du masque à vélo sur certains axes. Partout, les associations d'usagers sont montées au créneau pour réclamer le retrait de la mesure sans être entendues pour l’instant.
« Si ça ne bouge pas, il y aura un mouvement national et on ira jusqu’au conseil d’Etat comme on l’avait fait pendant le confinement », menace Yannick Paillard. Alors que l’activité physique à vélo était interdite même une heure par jour pendant le confinement, la fédération des usagers à bicyclette avait saisi le conseil d’Etat et obtenu le retrait de la mesure le 30 avril. Une action qui pourrait se reproduire si les préfectures continuent de jouer la sourde oreille face aux demandes des cyclistes.