JUSTICEL’Etat défend le plan social du géant de l’agroalimentaire Cargill

Nord : L’Etat défend le plan social du géant de l’agroalimentaire Cargill

JUSTICELes salariés élus de l’usine d’agroalimentaire Cargill, dans le Nord, s’insurgent contre l'« ingérence » de l’Etat dans une procédure judiciaire visant à suspendre un plan de licenciements
Gilles Durand

G.D. avec AFP

Quand l’Etat met son grain de sel dans un plan de licenciements, mais en faveur de l’entreprise. Des salariés de l’usine Cargill à Haubourdin, dans le Nord, ont dénoncé, mardi, l'« ingérence scandaleuse » de la préfecture dans la procédure judiciaire engagée par le comité social et économique (CSE) concernant le plan social lancé par le géant américain de l’agroalimentaire.

Avec l’aide de la CGT, le CSE, qui représente les intérêts des salariés, conteste ce plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) prévoyant plus de 160 suppressions de postes, soit environ la moitié des effectifs de l’usine. Les salariés élus de Cargill ont demandé en référé sa suspension, estimant que la direction ne respectait pas son obligation de prévention des risques psychosociaux.

Audience encore reportée

L’audience, qui devait se tenir mardi après-midi au tribunal judiciaire de Lille, a été renvoyée au 17 mars pour des raisons de procédure : le ministère public ne s’est pas encore positionné sur la demande de la préfecture, représentant de l’Etat, d’annuler cette procédure. La direction du Travail (Direccte) a demandé au juge de se déclarer incompétent pour juger cette affaire.

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« La ministre du Travail, peut-être même Emmanuel Macron, demande à la justice de ne pas appliquer la loi sociale française pour permettre à une multinationale qui fait des millions de bénéfices de dérouler son plan de destruction industrielle. C’est absolument scandaleux », a déclaré aux journalistes l’avocat du CSE, Me Fiodor Rilov.

« Au lieu d’accompagner les salariés, le gouvernement a décidé d’accompagner Cargill et ses actionnaires pour qu’ils puissent supprimer des emplois », a-t-il ajouté, en présence d’au moins 80 des 328 salariés de l’usine.

Risques psychosociaux en question

Pour le député LFI du Nord, Adrien Quatennens, venu soutenir les salariés, « l’intérêt de l’Etat est de faire une démonstration de la politique d’Emmanuel Macron », avec « l’idée que les multinationales qui viendraient investir sur notre territoire doivent se sentir libres à tout moment de se séparer de leurs salariés », a-t-il affirmé à l’AFP.

Sur le fond, « tout contredit la volonté de la direction de tirer un trait sur l’unité d’Haubourdin – qui pourtant fonctionne bien et réalise des bénéfices – en mettant en péril la vie des salariés, de leurs familles, de tout un territoire qui souffre déjà », a déploré le sénateur communiste Eric Bocquet.

Contactée par l’AFP, la direction a dit avoir « pris acte » de ce nouveau report. « Nous sommes prêts à démontrer l’ensemble des actions mises en œuvre dans le cadre de la prise en charge des risques psychosociaux » et « la réalité de la situation économique hélas déficitaire du site », a-t-elle ajouté, estimant que Me Rilov « tente d’imposer un long feuilleton judiciaire ».

La période de négociations s’étend jusqu’au 27 mars.