Nord : La recrudescence des « mouse jacking » inquiète les gendarmes
DÉLINQUANCE•Le nombre de vols de véhicules sans effraction a explosé depuis le début de l’année dans le départementMikaël Libert
L'essentiel
- Les vols de voitures sans effraction sont en augmentation dans le Nord.
- Plus de 60 faits de « mouse jacking » ont été recensés depuis janvier 2020.
- Les véhicules visés sont essentiellement de marques françaises.
Depuis le début de l’année 2020, gendarmes et policiers du Nord ont observé une augmentation significative des vols de véhicules grâce à la méthode méconnue du « mouse jacking ». Les délinquants piratent littéralement les systèmes électroniques des voitures récentes et parviennent à les dérober sans faire de casse.
« Secteur police et gendarmerie confondus, nous avons recensé plus d’une soixantaine de faits sur le département du Nord depuis deux mois », confie à 20 Minutes une source à la gendarmerie. Le point commun qui permet aux gendarmes de classer ces dizaines d’affaires dans le même casier, c’est qu’à chaque vol, aucun débris n’a été retrouvé sur les lieux des faits. Dans cette impressionnante série, ce sont les environs de Dunkerque qui ont été touchés en premier avant que le phénomène ne se répande, notamment en métropole lilloise. Selon nos informations, aucun des véhicules n’a encore été retrouvé.
Pas besoin d’être des as de l’informatique
La technique est connue et éprouvée, les délinquants n’ont même pas besoin d’être des as de l’informatique. « Une antenne permet aux auteurs de capter le signal radio émis par les télécommandes des portes des voitures et de les ouvrir. Ensuite, ils branchent un ordinateur sur la prise diagnostique du véhicule et le reprogramment à l’aide d’un logiciel pour le faire démarrer », poursuit notre source chez les gendarmes.
Pour les enquêteurs, l’augmentation du nombre de faits est certainement liée à un phénomène de commandes : « Les voleurs n’agissent pas au hasard mais ils répondent à des commandes spécifiques pour des types de véhicules bien précis », assure la gendarmerie. Sont principalement visées, des voitures récentes, haut de gamme, de marques françaises, comme des Citroën DS7, des Peugeot 5008 ou des Renault Megane. « Ce n’est pas parce qu’elles sont plus faciles à voler, mais parce qu’elles se revendent mieux », précisent les gendarmes.
Les nombreuses enquêtes ouvertes n’ont pas encore été regroupées mais la section de recherche (SR) de la gendarmerie de Lille supervise néanmoins leur déroulement. « Il y a de grandes chances pour qu’il s’agisse d’une seule équipe, sans doute à l’image de celle que nous avons démantelée en juin dernier », reconnaît notre source, précisant qu’aucune interpellation n’avait encore eu lieu.
Mais que les possesseurs de véhicules prisés par les voleurs à la souris ne paniquent pas, il y a des parades à leur opposer. Les lieux de repérages favoris de ces délinquants sont les parkings de supermarchés en raison du nombre de véhicules qui y sont stationnés. Les gendarmes incitent donc les automobilistes à vérifier qu’ils ne sont pas suivis après avoir fait leurs courses. Ensuite, il ne faut pas tout miser sur l’électronique : « souvent, un antivol mécanique, de type canne, suffit à dissuader ces professionnels qui ne prennent aucun risque », expliquent les gendarmes.