Nord : Vincent Delory décoré de la médaille des Victimes du Terrorisme, neuf ans après sa mort
HOMMAGE•Le Nordiste Vincent Delory, otage tué il y a neuf ans entre le Niger et le Mali, vient de recevoir, à titre posthume, la médaille nationale des Victimes du TerrorismeGilles Durand
L'essentiel
- Il y a neuf ans, les otages Vincent Delory et Antoine De Léocour ont péri entre le Niger et le Mali, lors d’une opération de l’armée française censée les libérer.
- La veille de la date anniversaire de sa mort, Vincent Delory a été officiellement décoré de la médaille nationale des Victimes du Terrorisme, qui lui avait été attribuée en juin.
- Une distinction symbolique mais insuffisante pour sa famille qui se bat depuis des années pour que l’Etat reconnaisse sa responsabilité dans sa mort.
Douloureux anniversaire. Voilà neuf ans que les deux Nordistes, Vincent Delory et Antoine De Léocour, ont péri, le 8 janvier 2011, lors d’une opération de l’armée française censée les libérer. Ils avaient été pris en otage, la veille, à Niamey, au Niger, par un commando affilié à des troupes djihadistes.
Mort à l’âge de 25 ans, Vincent Delory a été officiellement décoré de la médaille nationale des Victimes du Terrorisme, qui lui avait été attribuée en juin. Son compagnon d’infortune, Antoine De Léocour, l’avait reçue l’an dernier. « Il a fallu la réclamer pour mon frère », raconte sa sœur, Annabelle, à 20 Minutes.
Plaque commémorative au Niger
Autre hommage : une plaque commémorative du drame vient d’être posée à l’ambassade de France au Niger, pays où la mort des deux jeunes hommes a été officiellement déclarée. « C’est une promesse qui nous avait été faite, il y a neuf ans », glisse Annabelle Delory.
Or, ces distinctions symboliques demeurent insuffisantes pour sa famille qui se bat depuis des années pour que l’Etat reconnaisse sa responsabilité dans sa mort.
« Si la reconnaissance de sa qualité de victime du terrorisme ne fait plus débat, cela ne doit pas faire oublier que nous sommes toujours en attente de la reconnaissance de la responsabilité de l’Etat dans son sacrifice », estime Annabelle Delory.
« La France avait voulu marquer sa fermeté vis-à-vis du terrorisme »
Selon le témoignage d’un complice des ravisseurs, publié à l’époque par Le Monde, un « déluge de feu » s’est abattu sur le convoi qui transportait les otages. Les terroristes ont dû quitter les véhicules. Antoine de Léocour a été exécuté parce qu’il n’avait plus la force de suivre à pied. Vincent Delory est resté piégé dans le 4x4 incendié.
« En déployant l’opération militaire Archange Foudroyant, la France a voulu marquer sa fermeté vis-à-vis du terrorisme, et n’a pas hésité à intervenir sans aucune négociation, en ne lui laissant qu’une chance infime de s’en sortir. Or, aujourd’hui, aucune autorité ne veut assumer cette décision », regrette Annabelle Delory qui se sent, comme toute sa famille, « abandonnée » par la nation.
Instruction judiciaire toujours ouverte
Les gouvernements successifs, depuis Nicolas Sarkozy, avaient promis que l’Etat ferait « toute la vérité » sur les circonstances de l’intervention. Mais certaines zones d’ombre demeurent encore.
L’instruction judiciaire ouverte en 2011 suit son cours. Seule une partie du secret-défense qui couvrait certains documents avait été levée. « Aujourd’hui, nous n’avons plus les moyens de payer un avocat pour continuer les procédures. Il ne se passe plus rien », admet la sœur de Vincent.
La famille organise, dimanche, une commémoration, à 15h30, au cimetière de Linselles, près de Lille, où Vincent Delory est enterré.