Hauts-de-France : La région s’apprête à vivre une petite révolution ferroviaire, le 15 décembre
TRANSPORTS•La nouvelle convention TER signée entre la région des Hauts-de-France et la SNCF va radicalement modifier la grille horaire à partir du 15 décembreGilles Durand
L'essentiel
- A partir du 15 décembre, la SNCF et la région Hauts-de-France vont proposer une refonte totale des horaires de train, une première depuis 2012.
- Un an et demi de négociations a été nécessaire pour que la collectivité territoriale et l’opérateur de chemin de fer signent une nouvelle convention 2019-2024.
- Le principal changement concerne la suppression des trajets longs en TER sans correspondance.
Davantage de TER et de TER-GV, mais un aménagement qui va fracturer les habitudes des voyageurs. A partir du 15 décembre, la SNCF et la région Hauts-de-France vont proposer une refonte totale des horaires de trains. « C’est la première fois depuis 2012 que les grilles horaires sont révisées de façon aussi importante, avec des ajustements sur deux tiers des dessertes », annonce Florent Martel, directeur des opérations TER dans la région.
Il aura fallu un an et demi de négociations ardues avec la région, organisatrice de la partie régionale des transports ferroviaires, pour que les élus votent, en octobre, cette nouvelle convention TER 2019-2024.
Une couronne autour de Lille
La première révolution concerne l’organisation générale du trafic TER. « L’idée, c’est d’établir une couronne autour de Lille au sein de laquelle se concentrent les trois quarts des voyages quotidiens », explique Florent Martel. Cette couronne s’étend à Valenciennes, Lens, Béthune et Hazebrouk, qui deviennent aussi des gares de correspondance pour les trajets longs.
Pour comprendre le nouveau principe, prenons l’exemple d’un trajet Jeumont-Lille. Le même train n’assurera plus systématiquement le voyage direct. Il faudra changer à Valenciennes. L’avantage pour la SNCF : garantir une rotation plus rapide des trains qui doit permettre de « guérir du manque de régularité » et « de trouver une place assise dans le wagon, même en fin de parcours ».
« Ce sont 87 TER en plus et 25.000 places supplémentaires par jour », annonce Florent Martel. Avec un enjeu non négligeable en termes de statistiques : améliorer le taux de remplissage. Un train Hirson-Lille, par exemple, pouvait afficher un faible taux de remplissage de 30 %, tout en étant totalement saturé en arrivant à destination.
Rupture de correspondances ?
Ces longs trajets souvent entrecoupés de correspondances inquiètent néanmoins l’Union des voyageurs du Nord (UVN). « Si le premier train a du retard, je doute fort que la correspondance attende, note Gilles Laurent, son président. On risque de se retrouver à attendre une demi-heure ou plus sur le quai. D’autant que, contrairement aux Pays-Bas où les correspondances s’attrapent sur le quai d’en face, ce n’est pas le cas chez nous, faute d’organisation. »
Par ailleurs, pour optimiser la rentabilité des trains, certains arrêts peu fréquentés ont été supprimés. D’où la colère de maires comme celui de Templeuve-en-Pévèle qui a démissionné pour protester contre la suppression de 17 dessertes quotidiennes. « On nous promet 25.000 places supplémentaires par jour. On verra si cette nouvelle grille va développer la fréquentation des TER », note Gilles Laurent.
Des fiches horaires colorées
Le deuxième changement va se matérialiser sur les fiches horaires. Les trains auront maintenant un nom et un code couleur selon leur particularité « pour permettre de s’y retrouver plus facilement », estime Florent Martel.
Les « Citi », qui vont circuler au sein de la métropole lilloise, seront mentionnés en bleu. Les « Krono », chargés de relier rapidement deux grandes villes, arboreront la couleur rouge. Et les « Proxi », spécialisés dans les dessertes de proximité (omnibus), seront marqués en vert.
Des TER-GV supplémentaires
Concernant les TER-GV, la région annonce 40 % de trajets supplémentaires, notamment sur les axes Arras-Lille, Dunkerque-Lille et Calais-Lille. Avec une nouvelle desserte entre Dunkerque et Arras (en passant par Lille).
Mais là aussi, l’UVN reste sur sa faim. « Le littoral, par exemple, est mis à l’écart de la grande vitesse à cause du manque de correspondances avec des TER, surtout le week-end, note Gilles Laurent. Nous sommes quand même un peu déçus de la réduction globale des dessertes dans la plupart des gares. »
Une première révision de cette nouvelle organisation horaire doit avoir lieu dans six mois entre la région et la SNCF.