FOOTBALLDes arbitres de foot dans la rue pour protester contre les agressions

Nord: Des arbitres de foot dans la rue pour dénoncer les violences à leur encontre

FOOTBALLUne centaine d'arbitres ont défilé samedi matin pour protester contre l'augmentation des actes violents, depuis le début de saison, lors des rencontres de foot amateur
Gilles Durand

Gilles Durand

L'essentiel

  • Une centaine d’arbitres de foot amateur ont manifesté à Mons-en-Barœul et Villeneuve-d’Ascq, près de Lille (Nord), pour protester contre les agressions dont ils sont victimes.
  • Le district des Flandres a décidé de renforcer les sanctions contre les auteurs.
  • Un jeune arbitre a été tabassé, la semaine dernière, lors d’un match à Tourcoing.

«Arbitres agressés, le football en danger ! ». Le slogan a accompagné une manifestation inédite, samedi matin, à Mons-en-Barœul et Villeneuve-d’Ascq, près de Lille, dans le Nord. Une centaine d’arbitres de foot amateur ont brandi le carton dans les rues, entre le siège du district des Flandres et celui de la ligue des Hauts-de-France, pour dénoncer la violence régulière qu’ils subissent sur les terrains, depuis le début de la saison.

Jet de briquet à Roubaix, agressions à Cambrai et à Lille Moulins, bagarre générale dans l'Oise diffusée sur les réseaux sociaux… A chaque fois, l’arbitre est ciblé par ces débordements qui se radicalisent, faute de sanctions suffisamment sévères, aux dires de leurs représentants.

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« Les arbitres ne sont pas des médiateurs sociaux »

« On nous dit que c’est le reflet de la société, mais les arbitres ne sont pas des médiateurs sociaux, souligne Sébastien Preudhomme, de l’AFAF 59, une amicale des arbitres. On veut des sanctions exemplaires contre les auteurs, ce qui est loin d’être le cas. »

Les arbitres se plaignent de voir les instances minimiser le problème. Selon les chiffres de la ligue, en moyenne, près d’un match sur quatre donne lieu à une affaire sur laquelle la commission de discipline s’est penchée. Un chiffre que le président de la ligue, Bruno Brongniart trouve « raisonnable ».

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« On ne peut plus entendre ça. On banalise trop la violence », s’insurge Damien. A 37 ans, cet arbitre de ligue, qui officie depuis vingt ans, a été victime de plusieurs coups de poing, après un carton infligé à un joueur sur le terrain de Lille-Moulins Carrel, en septembre. « J’ai eu une semaine d’arrêt de travail et je suis suivi par une psychologue. Je viens de reprendre l’arbitrage, mais seulement à la touche », avoue-t-il, encore traumatisé par l’événement.

La saison dernière, un autre arbitre avait déjà été frappé sur le même terrain de Lille-Moulins. « Devant ma femme et ma fille venues voir le match », se désole ce dernier. Neuf policiers avaient dû intervenir pour faire revenir le calme.

Renforcement des sanctions

« Il faut faire passer le message que si vous frappez un arbitre, plus jamais vous ne jouerez, propose Jean-Louis Juras, qui travaille au sein de la commission des arbitres depuis 31 ans. Rendez-vous compte que la saison dernière, chez les U13 [les moins de 13 ans], on a été obligé d’envoyer des arbitres officiels pour diriger les matchs parce que ça se passait mal. »

« Il n’y a pas d’augmentation des cas, mais le ressenti des arbitres est plus important que les chiffres », reconnaît Cédric Bétrémieux, président du district Flandres. C’est pourquoi ce dernier a décidé de renforcer les sanctions, après l’agression d’un jeune arbitre à Tourcoing, la semaine dernière.

« C’est le deuxième dossier qui va être envoyé au pénal depuis le début de saison, indique Cédric Bétrémieux. Grâce au numéro d’astreinte, le représentant du district a pu intervenir rapidement. Un joueur a été placé en garde à vue, mercredi. Le club est également suspendu de toute compétition tant que le dossier n’aura pas été jugé par la commission de discipline. »

Licence à points

Le district Flandres est, par ailleurs, le seul dans la région à avoir mis en place une licence à points, sur le modèle du permis de conduire. « A chaque acte répréhensible, on enlève des points. Depuis 2017, 320 licenciés ont perdu le droit de jouer dans le district », note Cédric Bétrémieux.

Du côté de la ligue, on rechigne encore à prendre des mesures de suspension contre les clubs : trois en une quinzaine d’années, dans la région. Et une affaire récente, dans la Somme, ne va pas apaiser la colère du corps arbitral. Cinq licenciés avaient écopé de 22 ans de suspension pour avoir agressé un arbitre. La décision vient d’être cassée en appel. « Et l’arbitre n’est même pas au courant de cette décision », se plaint Stéphane Wabraeve.

A contrario, « un joueur avait écopé au pénal de prison ferme, il y a deux ou trois ans, après avoir agressé un arbitre dans le district Artois », se souvient Thierry Janas, directeur de la ligue des Hauts-de-France, qui retient l’idée d’une prochaine table ronde pour désamorcer la fronde.

Mais Cédric Bétrémieux le reconnaît : « Le changement de comportement ne passera que par l’engagement des clubs ». Un constat partagé par Thierry Janas. « Je vais souvent en Angleterre voir des matchs amateurs, raconte-t-il. Je n’ai jamais vu un joueur s’en prendre physiquement à l’arbitre. »