Procès des antispécistes : « Être antispéciste, c’est refuser la suprématie humaine sur les autres espèces », explique une militante de la cause animale
INTERVIEW•Alors qu’un nouveau procès pour vandalisme de commerces de bouche a lieu à Lille, ce jeudi, « 20 Minutes » a interviewé une militante antispéciste condamnée pour complicité dans une affaire similairePropos recueillis par Gilles Durand
L'essentiel
- Quatre prévenus militants de la cause animale doivent comparaître, ce jeudi, devant le tribunal correctionnel de Lille pour vandalisme envers des commerces de bouche.
- 20 Minutes a interviewé une activiste déjà condamnée pour complicité dans une affaire similaire.
C’est à eux qu’on doit la médiatisation du mot « antispéciste ». Eux, ce sont les militants de la cause animale qui ont, pendant quelques mois, vandalisé de nombreux commerces de bouche à Lille et dans la région. Ce jeudi, doit se tenir un nouveau procès où doivent comparaître trois prévenus devant le tribunal correctionnel de Lille. 20 Minutes a rencontré une militante déjà condamnée en mars dans une autre affaire similaire, pour laquelle elle a fait appel. Sous couvert d'anonymat, elle nous raconte son parcours et ses convictions.
20 Minutes vous permet aussi de retrouver toute la chronologie de l'affaire ici.
Comment êtes-vous devenue antispéciste ?
Je suis devenue antispéciste de la même manière que je suis avec vous aujourd’hui. Être antispéciste, c’est refuser la suprématie humaine sur les autres espèces et lutter pour que les intérêts de celles-ci soient pris en compte. Et je suis ici en tant qu’antispéciste et activiste.
Vous avez été condamnée pour complicité et avez fait appel de cette condamnation. Soutenez-vous les actes de vandalisme pour lesquels vous avez été mis en cause ?
Pensez-vous qu’ils sont efficaces pour faire changer les mentalités ? D’un côté vous avez des individus qui dénoncent l’exploitation et la maltraitance envers des êtres sentients (qui éprouvent des émotions). De l’autre côté, vous avez des individus qui participent directement et indirectement au plus grand génocide qu’il soit. Comment l’esclavage a-t-il été aboli ? Comment le droit de votes pour les femmes a-t-il été accepté ?
Est-il juste de s’en prendre à certains commerces alors que la société entière est concernée par le phénomène du spécisme ?
Les commerces concernés sont des commerces de bouche. D’où proviennent leurs matières premières ? Comment est produite cette matière première ?
La vie de tous les jours doit être difficile car l’exploitation des animaux fait partie de notre culture…
Le fait que la mutilation des parties génitales féminines soit une tradition en fait-elle une pratique moralement justifiable ? Le massacre des dauphins au Japon est-il moralement justifiable, étant donné que c’est une tradition ? La pratique de la corrida peut-elle être justifiée d’un point de vue moral, puisqu’elle fait partie intégrante de traditions culturelles ?
Pour vous, jusqu’où va l’exploitation des animaux ? Par exemple, quelqu’un qui a des poules en semi-liberté et qui mange les œufs ou qui élève des chèvres pour faire du fromage ?
A qui appartient l’œuf « utilisé » ? A qui appartient le lait « utilisé » ? Quand ces poules et ces chèvres ne seront plus « productives », quelle sera la finalité ?
L’homme mange pourtant de la viande depuis très longtemps…
S’il est moralement justifiable de manger des animaux parce que nos ancêtres le faisaient, est-il alors moralement justifiable de tuer ou de violer puisque nos ancêtres le faisaient également ? Il fut un temps où traiter une femme comme inférieure à l’homme était considéré comme acceptable. Cela veut-il dire que, de ce fait, ce principe serait moralement acceptable de nos jours ?
Que répondez-vous quand on vous dit que le rapport entre l’homme et l’animal a toujours été la domination ?
Si l’intelligence équivaut à la supériorité, cela veut-il dire qu’une personne avec un QI élevé peut faire ce qu’elle veut à une personne possédant un QI plus faible ?
Que pensez-vous des sanctions financières contre l’abattoir d’Alès coupable de manquements aux règles sanitaires ?
Il s’agit d’individus coupables d’avoir torturé, souillé, mutilé d’autres individus. Pensez-vous que 1.000 euros d'amendes pour de telles atrocités soit équitable pour un tel préjudice ?