Lille : La métropole lance un dispositif innovant pour « recycler » les logements vacants
LOGEMENT•En mettant en place un dispositif ambitieux et innovant, la métropole de Lille (MEL) s’attaque aux problèmes des nombreux logements vacants sur son territoireGilles Durand
L'essentiel
- Selon une étude de l’Insee, il existe 214.000 logements vacants dans les Hauts-de-France, alors que 133.000 ménages sont en situation de mal ou de non-logement.
- La métropole de Lille (MEL) a décidé de mettre en place un dispositif innovant et ambitieux pour remettre sur le marché 1.800 logements vacants.
- La région Hauts-de-France mise sur la rénovation thermique pour rendre les logements vacants attractifs.
Que faire des logements vacants ? Selon une étude de l’Insee, dévoilée en novembre, il en existe près de 214.000 dans les Hauts-de-France, alors que dans le même temps, 133.000 ménages sont en situation de mal ou de non-logement. Une situation paradoxale sur laquelle commencent à se pencher les pouvoirs publics.
Pourquoi construire de nouveaux bâtiments quand les anciens restent désespérément vides ? Comment favoriser la rénovation, à l’heure où de la prise de conscience écologique pour préserver le foncier non-bâti ? Contactée par 20 Minutes, la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) n’a pas donné suite.
Dispositif innovant et ambitieux
En revanche, la métropole de Lille (MEL) a présenté, ce vendredi, lors d’un conseil métropolitain, un dispositif innovant, visant à requalifier les logements vacants. Une ambitieuse opération de recyclage du bâti, en quelque sorte. « On estime qu’environ 40.000 logements sont vacants, soit environ 6 à 7 % du parc et la résorption de la vacance constitue un enjeu important. Or, parmi ce parc, la proportion des logements réellement disponibles à court terme, s’avère relativement faible », souligne la MEL. En cause, des blocages juridiques (succession non réglée, par exemple) ou des difficultés à financer les travaux pour certains propriétaires.
Depuis 2016, la société publique locale d’aménagement « La Fabrique des quartiers » était donc missionnée pour effectuer un diagnostic auprès de 2.390 logements. Le rapport, rendu vendredi, fait état d’environ 1.800 logements en capacité d’être remis sur le marché, avec ou sans rénovation, dont 600 avec des procédures pouvant aller jusqu’à l’expropriation pour motif d’utilité publique.
« Ce projet doit être mené sur douze ans avec un budget prévisionnel de 63 millions d’euros, dont une participation de 19 millions de la MEL », explique Louis Michel, responsable du programme à La Fabrique des quartiers. Pour équilibrer le budget, la revente des biens réhabilités est estimée à 20 millions d’euros. Ces 1.800 logements représentent, certes, une goutte d’eau face aux besoins, mais « jamais une métropole n’est allée aussi loin pour résoudre le problème de la vacation », se félicite la MEL.
Taux de vacance de 11,2 % à Saint-Quentin
De son côté, la région Hauts-de-France a également décidé de se saisir du problème. En effet, sur un territoire comme la Thiérache, les logements vacants constituent 13 % du parc, près du double de la moyenne régionale. Le taux de vacance de 11,2 %, atteint par Saint-Quentin, la ville du président de région Xavier Bertrand, ne pouvait laisser de marbre l’institution.
« Les logements libres ne sont pas forcément dans un état satisfaisant pour être occupés », tempère Frédéric Nihous, conseiller régional (DVD) délégué à la rénovation énergétique des logements. Et de citer l’exemple de l’ex-bassin minier. « La région s'est engagée à retaper 23.000 logements miniers ».
Selon les chiffres de la Direction régionale de l'Environnement (Dreal), 60 % des bâtiments, dans la région, ont été construits avant 1970. « Ce sont des passoires thermiques et peu de gens veulent y vivre. » C’est pourquoi la région a lancé un énième programme de rénovation énergétique. « Depuis 2016, 3.500 logements ont pu être renovés grâce aux différentes aides », explique Frédéric Nihous.
Rénovation énergétique pour 10.000 logements
Fin novembre, le conseil régional a également étendu une régie régionale –qui existait en Picardie – à l'ensemble des Hauts-de-France. Elle sera chargée de gérer la rénovation de 10.000 logements d'ici à 2024.
Mais pour certains territoires, il s’agit avant tout d’un problème d’attractivité. Depuis 1999, les petits et moyens pôles urbains de la région sont particulièrement exposés à un repli démographique. « Dans ces espaces, le poids des logements vacants a fortement augmenté depuis 1999 [+ 3,1 points] », constate l’Insee.
« Il faut s’attaquer à un aménagement équilibré du territoire, note Frédéric Nihous. Nous avons commencé en proposant aussi des aides pour revitaliser certaines zones rurales ou semi-rurales. »