Centre de réinsertion pour terroristes de Lille : face aux inquiétudes, l'administration prend la parole
SOCIÉTÉ•L’administration pénitentiaire regrette les « fantasmes » qui entourent l’installation du Programme d’accueil individualisé et de réaffiliation sociale (Pairs) dans la capitale des FlandresMikaël Libert
Des djihadistes au cœur de Lille ? C’est un peu le fantasme qui hante les esprits depuis que nos confrères du JDD ont annoncé, dimanche, l’installation prochaine d’un programme de réinsertion de personnes condamnées pour actes de terrorisme dans la capitale des Flandres. Auprès de 20 Minutes, la Direction de l’Administration pénitentiaire (DAP) a tenu à évoquer cet épineux sujet.
L’ouverture à Lille du Programme d’accueil individualisé et de réaffiliation sociale (Pairs) n’est pas une fake-news. Ce n’est pas non plus un scoop, l’annonce ayant été faite en début d’année 2019. On sait aussi que la date retenue par l’Administration pénitentiaire a été fixée au 7 octobre. En revanche, on ne connaît pas l’endroit exact où seront implantés les locaux lillois : « le lieu définitif n’a pas encore été choisi mais, de toute façon, nous ne souhaitons pas particulièrement communiquer là-dessus », déclare-t-on à la DAP.
Une discrétion qui alimente les appréhensions
A Lille comme ailleurs, c’est l’association Artemis (Groupe SOS), qui interviendra dans le cadre de Pairs. « Le local aura avant tout une vocation administrative et permettra aux équipes de se réunir. Les entretiens avec les condamnés auront lieu la plupart du temps ailleurs, dans des parcs, des restaurants par exemple. L’idée étant de coller le plus possible à la vie des gens », assure la DAP.
L’extrême discrétion qui entoure l’ouverture des Pairs alimente les appréhensions reconnaît la DAP à demi-mot. Pourtant, selon elle, il n’y a pas lieu de fantasmer : « Les personnes concernées par ce dispositif ont certes été condamnées pour des faits de terrorisme, mais dans le spectre bas de ce que ce mot englobe ». En clair, sont exclus tous ceux « qui sont passés à l’acte violent ». Il n’est pas non plus question de rapatrier à Lille les terroristes des quatre coins de France : « Les Pairs sont implantés selon les besoins comme c’est le cas à Marseille et Paris. Les personnes sont de toute façon déjà présentes sur ces territoires et déjà suivies en milieu ouvert dans le cadre de leur condamnation », poursuit la DAP.
« Encadrement hors norme » et « suivi très dense »
Le centre de Lille est prévu pour suivre une trentaine de condamnés. « Cela pourra être plus ou moins, le dispositif bénéficiant d’une grande souplesse ». Une flexibilité rendue possible grâce aux moyens financiers mis à disposition par le gouvernement. Sauf que sur cette question, on se heurte aussi à une grande discrétion. « On ne donne pas de chiffre pour l’instant mais l’on peut dire que les moyens sont conséquents. Le taux d’encadrement est hors norme pour un suivi très dense », glisse-t-on à la DAP. Deux raisons principales à cela. D’abord parce que le suivi ne peut s’opérer que tant que le condamné est sous la responsabilité de l’administration pénitentiaire. Mais surtout par l’enjeu que représente la possibilité d’empêcher les passages à l’acte violent.