Qui sont ces chômeurs fantômes qui échappent à Pôle Emploi?

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EMPLOIUne étude de l’Institut national de la statistique (Insee) et la direction du Travail (Direccte) estime que le nombre de chômeurs potentiels pourrait être de 50 % plus important
Gilles Durand

Gilles Durand

L'essentiel

  • En plus des 320.000 chômeurs répertoriés, ils sont environ 162.000 dans les Hauts-de-France à faire partie de ce qu’on appelle le « halo autour du chômage ».
  • Ces chômeurs fantômes sont plus souvent des femmes et des personnes non diplômées.
  • En additionnant chômeurs et halos de chômage, on arrive à quasiment 20 % de la population sans emploi.

Pour eux, trouver du travail ne se résume pas à traverser la rue. Selon une enquête de l’Insee, dévoilée ce mardi, ils sont environ 162.000* dans les Hauts-de-France (4,3 % des 15-64 ans), à faire partie de ce qu’on appelle le « halo autour du chômage », des personnes inactives mais non inscrites à Pôle Emploi. Des chômeurs fantômes qui s’ajoutent aux 320.000 chômeurs répertoriés.

« Cette statistique du halo de chômage a été étudiée après la polémique née en 2007 autour des chiffres réels du chômage », explique Jean-Christophe Fenouillet, directeur de l’Insee. Depuis, l’Institut de statistiques se penche donc sur ces chômeurs fantômes.

La méthode de calcul

Pour comprendre la nuance, il faut se replonger sur la définition d’un chômeur, selon le Bureau international du travail (BIT). Il faut avoir plus de 15 ans, être sans emploi au cours d’une semaine de référence, avoir effectué une démarche active de recherche d’emploi au cours des quatre semaines précédant celle de référence et être disponible pour travailler dans les deux semaines à venir.

Les différentes situations entre inactivité et emploi, dans les Hauts-de-France, entre 15 et 64 ans.
Les différentes situations entre inactivité et emploi, dans les Hauts-de-France, entre 15 et 64 ans. - Insee, EEC - données 2015 à 2017

Voilà qui restreint le nombre de personnes potentiellement à la recherche d’emploi. Ainsi, les personnes comptabilisées dans ce halo du chômage sont celles qui ne sont pas immédiatement disponibles ou qui ne recherchent pas activement un travail pour diverses raisons.

Qui sont ces personnes dans le halo du chômage ?

Par rapport aux personnes répertoriées au chômage, davantage sont sans diplôme et les femmes sont plus nombreuses. Les raisons qui les éloignent de l’activité sont souvent d’avoir un enfant de moins de 3 ans ou d’avoir plus de 50 ans.

La moitié de ces personnes sont disponibles, mais ne sont pas à la recherche d’emploi. « Elles sont majoritairement non diplômées et potentiellement découragées, en proportion plus importante dans les Hauts-de-France qu’ailleurs », souligne Benjamin Bour, chargé d’études à l’Insee. « Connaître le profil de ces personnes permet d’avoir une vision plus fine du marché du travail et d’adapter les dispositifs de formation », note Nathalie Delattre, responsable statistiques à la direction du Travail.

Inactifs ou actifs ?

Les chômeurs font techniquement partie de la population active (ayant un emploi ou susceptible d'en occuper un) qui représente 2,534 millions de personnes dans les Hauts-de-France. A contrario, le halo de chômage appartient à la catégorie des inactifs qui sont 1,216 million, soit un tiers de la population entre 15 et 64 ans.

Une autre donnée permet de mieux appréhender la situation face à l’emploi. Parmi les personnes ayant un travail, elles sont 157.000 à estimer être sous-employées. « A temps partiel, elles déclarent être disponibles pour travailler davantage », souligne Benjamin Bour. Un deuxième halo du chômage en quelque sorte, mais chez les actifs. En additionnant chômeurs et ces deux halos, on arrive à quasiment 20 % de la population mécontente de sa situation face au travail.

La situation de l’emploi semble s’améliorer en 2019

La conjoncture du 1er trimestre 2019 met en lumière une éclaircie sur le front de l’emploi dans les Hauts-de-France avec une hausse de 0,3 % des emplois créés. « Par expérience, on sait que le halo du chômage suit la même évolution que la courbe du chômage, explique l’Insee. On peut donc imaginer que le nombre d’inactifs de ce halo est aussi en baisse. »

* Tous les chiffres sont issus d’une étude portant sur les années 2015 à 1017.