Hauts-de-France: 200 espèces de la flore locale sont menacées de disparition
NATURE•Le conservatoire botanique national de Bailleul a dressé une liste rouge de la flore menacée dans les Hauts-de-FranceMikaël Libert
L'essentiel
- Près de 200 espèces locales sont susceptibles de disparaître, selon le conservatoire botanique de Bailleul.
- C’est l’activité humaine qui est responsable en très grande partie de ce phénomène.
Errera-t-on bientôt dans les Hauts-de-France comme dans un désert ? Si cette vision apocalyptique devait se produire, ce n’est toutefois pas pour tout de suite. Pour autant, le Conservatoire botanique national de Bailleul alerte sur l’état de la flore régionale. Dans une « liste rouge », publiée mi-juin, l’institution affirme que 13 % des espèces locales sont menacées de disparition à cause… de l’homme.
131 espèces disparues
Vous pouvez vous balader n’importe où dans la région, même dans les endroits les plus reculés, jamais plus vous ne trouverez de Spiranthes. Cette plante, comme 131 autres espèces indigènes, a tout simplement disparu. Selon le Conservatoire, depuis les premiers recensements botaniques au début du XIXe siècle, près de 9 % des 1.500 espèces de plantes spécifiques à la région n’existent plus. « Le pire, c’est que le rythme de ces disparitions s’accélère. Aujourd’hui, ce sont 200 autres espèces qui sont directement menacées et inverser le processus semble compliqué », déplore Thibault Pauwels, chef du service éducation, formation et écocitoyenneté au conservatoire botanique.
Le responsable, c’est l’homme, sans aucun doute pour le botaniste : « Seule une toute petite partie a disparu naturellement. Le reste, c’est à cause de l’aménagement du territoire, de l’assèchement des zones humides pour la construction, de l’abandon de certains modes d’agriculture. Et comme tout est lié dans la nature, la faune aussi est menacée », dénonce-t-il.
« On voit apparaître des espèces qui remontent du Sud »
Et si certaines plantes disparaissent, d’autres, qui n’ont rien à faire là, s’installent. « Avec le réchauffement climatique, on voit apparaître dans les Hauts-de-France des espèces qui remontent du Sud », a constaté le botaniste. Mais selon lui, elles ne sont pas viables. « La flore se déplace plus rapidement que la faune. Si les insectes pollinisateurs de ces plantes ne suivent pas, elles ne pourront pas se reproduire », explique Thibault Pauwels.
Au vu de la situation, le Conservatoire se montre pessimiste. Pourtant, selon le botaniste, certains gestes simples suffiraient à freiner le processus. « Arrêter de faucher régulièrement les bords des routes, réfléchir à un aménagement du territoire incluant la biodiversité », avance-t-il. Pour Thibault Pauwels, les zones de friches comme Saint-Sauveur sont autant de havres de paix pour la flore. « Pourquoi ne pas essayer de composer entre une urbanisation nécessaire et la nature en intégrant les habitants au processus ? », s’interroge-t-il.