Nord: Une entreprise aide les agriculteurs dans leur difficile transition vers le bio
ENVIRONNEMENT•Le délai, les contraintes et l’investissement sont autant d’obstacles qui empêchent les agriculteurs a se tourner vers le bioMikaël Libert
L'essentiel
- Le passage de l’agriculture conventionnelle au bio peut être difficile.
- Entre investissement et perte de revenus liée à la baisse du rendement.
- BioDemain, une jeune entreprise nordiste, entend faciliter cette transition.
Le bio, c’est l’avenir. Mais l’avenir, c’est loin. Parce que le passage de l’agriculture conventionnelle à l’agriculture bio est un véritable parcours du combattant, deux jeunes Nordistes, Stéphane Delebassé et Maxime Durand, ont créé « BioDemain », une entreprise pour que la transition passe crème.
Pour un agriculteur conscient des enjeux environnementaux, obtenir le label bio est sans doute une sorte de Graal. Sauf que le Graal, ça se saurait, on ne le décroche pas si facilement. « En fonction des produits, il faut en moyenne entre deux et trois ans avant de pouvoir se prévaloir du label bio », assure Maxime Durand, 22 ans, un des fondateurs de BioDemain. Un délai incompressible qui s’explique somme toute assez facilement : « C’est le temps dont a besoin le sol pour évacuer toute trace de produits chimiques incompatibles avec les normes du bio », poursuit-il.
Une tentative manquée dans la famille
Soit, mais que se passe-t-il dans l’entre-deux ? « La transition est une période assez difficile pour les agriculteurs. Leurs coûts augmentent alors que les rendements baissent parfois drastiquement. A moins de s’endetter de nouveau ou de nouer des partenariats, ils ont beaucoup de mal à y arriver », déclare Maxime Durand. Et il sait de quoi il parle, son grand-oncle ayant fait les frais d’une transition désastreuse : « Financièrement, il n’a pas pu redresser la barre et a été obligé de vendre son élevage de vaches », déplore Maxime.
La solution n’est pas compliquée, encore faut-il que les consommateurs y mettent du leur. « L’idée est d’acheter la production des agriculteurs en transition à un prix qu’ils fixent, raisonnable, mais suffisant pour leur permettre de dégager une marge. A nous ensuite de revendre les produits en expliquant aux consommateurs pourquoi, sans être bio, ils sont tout de même plus onéreux », détaille le fondateur de BioDemain.
L’agriculteur y trouve son compte et le consommateur aussi, en achetant des produits locaux, équitables, sans engrais chimiques et moins chers que du label bio. Le test entre janvier et mai 2019, avec douze agriculteurs, a été concluant : « C’était à petite échelle, sur les marchés. Les consommateurs étaient vraiment réceptifs », se rappelle Maxime. Pour passer à la vitesse supérieure, BioDemain va donc monter des partenariats, notamment avec Leclerc. « Nous espérons accompagner une cinquantaine de producteurs d’ici à la fin de l’année », estime Maxime Durand.