ENERGIEL'autoroute de la chaleur en refroidit quelques uns à Lille

Energie: L'autoroute de la chaleur en refroidit quelques uns dans la métropole lilloise

ENERGIECe nouveau système de distribution de chauffage doit entrer en vigueur en 2020. Mais tout le monde n’est pas sur la même longueur d’onde
François Launay

François Launay

L'essentiel

  • L’autoroute de la chaleur est un nouveau réseau de distribution de chauffage qui doit circuler dans dix communes de la métropole lilloise à partir de 2020.
  • Plus écologique et plus économiques, ses avantages sont nombreux.
  • Tous les maires des villes traversées ne sont pas enthousiastes pour autant.

L'autoroute de la chaleur est une innovation souterraine de 20 kilomètres qui esten train de se construire dans dix communes de la MEL. Le but affiché : réduire de 10 % la facture énergétique des habitants tout en se montrant plus écolo.

Le principe est simple : les déchets ménagers non-recyclables (350.000 tonnes par an) sont brûlés au centre de valorisation des déchets d’Halluin​. La chaleur dégagée passe ensuite dans de grands tuyaux souterrains.

Une mise en service prévue pour 2020

« Avec la chaleur produite, on chauffe de l’eau qu’on met dans des tuyaux sous pression. Ça part à 120 degrés. C’est transporté jusqu’à Lille ou à Roubaix où se trouve un échangeur. Là, on chauffe l’eau du réseau de distribution qui est ensuite ramenée dans chaque bâtiment collectif avec un autre échangeur qui viendra chauffer l’eau de votre radiateur. C’est de l’échange de chaleur par de l’eau chaude ». détaille Erwan Lemarchand, directeur énergie, développement durable et transition énergétique à la MEL.

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Ce nouveau réseau de distribution de chaleur sera normalement mis en service dès le mois d’octobre à Roubaix et en octobre 2020 à Lille. Au début, 50.000 logements collectifs ou équivalents (logements sociaux, résidences privées, bâtiments communaux, hôpitaux) seront concernés par ce système qui pourrait chauffer dans dix ans près de 100.000 logements.

Un avantage écologique et économique

Ce système, inédit dans la métropole et qui s’élève à 75 millions d’euros, a un double avantage : écologique et économique. « Aujourd’hui à Lille, c’est chauffé par du gaz et du charbon en majorité. Le charbon, qu’on ramenait par bateau de Colombie, ne sera plus utilisé à partir de l’an prochain. Et puis, ça va aussi permettre de baisser la facture énergétique. En utilisant cette énergie renouvelable, on aura une TVA réduite (5,5 % au lieu de 20 %). Surtout, c’est nous (la MEL) qui allons fixer la valeur et l’évolution du prix de l’énergie. Il sera fixé en fonction de l’évolution du coût de la vie », poursuit Erwan Lemarchand.

Du coup, tout va bien dans le meilleur des mondes ? Et bien, pas forcément. Démarré en juin 2018, le chantier a déjà pris du retard (7,2 km ont été réalisés). Et certains élus sont très réticents au projet. A l’exemple d’Eric Durand, maire de Mouvaux qui doit accueillir 2,36 km du tracé. Sauf qu’il ne veut pas voir tout de suite débarquer les pelleteuses chez lui.

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Le maire de Mouvaux très réticent

« J’ai déjà six mois de travaux prévus dans deux rues principales de la commune. Si on ajoute des travaux sur le Grand Boulevard [où doit passer l’autoroute], comment les gens vont faire pour aller travailler ? Et puis, je me pose des questions sur un projet qui coûte 75 millions d’euros au contribuable et qui pour moi n’a qu’un seul but : alimenter en chauffage la future piscine Saint-Sauveur. Je ne m’opposerai pas à ce chantier car il a été voté à la MEL, mais ça ne se fera qu’après 2020 [date des élections municipales] », prévient le maire.

Sauf que cela n’est pas du tout du goût de la métropole qui est prête à passer en force pour boucler le chantier dans les temps. « L’autoroute passera. Si le maire ne prend pas l’arrêté de travaux, c’est le préfet qui le fera. C’est un projet d’intérêt général », menace Damien Castelain, le président de la MEL.

« Mais ça veut dire quoi ça ? S’ils veulent faire ça, je ferai un recours devant le tribunal administratif. Et pour info, ça prend dix mois », répond Eric Durand.

L'autoroute de la chaleur ressemble surtout à un feuilleton qui pourrait bien durer plus longtemps que prévu.