VIDEO. Pas-de-Calais: Dix ans après la première pierre du Louvre-Lens, l'ex-bassin minier veut dévoiler un autre visage
SOCIETE•L’association Euralens, en charge du développement de l’ancien bassin minier du Pas-de-Calais, organise six mois de festivités pour montrer les métamorphoses du territoireGilles Durand
L'essentiel
- Dix ans après la pose de la première pierre du Louvre-Lens, le territoire mise toujours sur le tourisme et la culture pour dynamiser son image.
- Une série de 150 événements, baptisée L’Odyssée, va se tenir pendant six mois dans l’ex-bassin minier du Pas-de-Calais.
L’ancien bassin minier change de visage. Et pour symboliser la métamorphose, des visages humains seront projetés, ce week-end, sur le terril du 11-19 à Loos-en-Gohelle*, près de Lens, dans le Pas-de-Calais, à l’occasion du coup d’envoi d’une saison festive baptisée L'Odyssée. Pendant six mois, trois communautés d’agglomérations vont proposer 150 manifestations pour faire découvrir les transformations du territoire depuis dix ans.
Un enjeu politique et économique
Certes, le musée de la mine se trouve à Lewarde dans le département du Nord, mais c’est bien dans le département voisin du Pas-de-Calais que le patrimoine minier tente aujourd’hui d’être mis en valeur. Depuis 2009 et la pose de la première pierre du Louvre-Lens, les anciens territoires miniers misent sur la culture et le tourisme pour dynamiser l’économie. En 2012, l’inscription au patrimoine mondiale par l’Unesco a d’ailleurs donné au territoire une nouvelle âme.
Voilà pourquoi, cette année, Euralens, association chargée d’accompagner la mutation territoriale, organise ces manifestations pour le faire savoir. « Cet ancien archipel noir est en train de devenir un archipel vert avec sa chaîne des parcs, souligne Julien Carrel, directeur de l’opération Odyssée pour Euralens. Nous avons reconverti les voies de chemin de fer et les anciennes friches en espaces de nature. On cultive aussi des vignes sur un terril. »
Pourquoi l’Odyssée ?
Dans la mythologie grecque, l’Odyssée raconte le périple d’Ulysse pour rejoindre sa patrie après avoir participé à la guerre de Troie. Or, son voyage a duré dix ans et quand il est arrivé enfin à bon port, il a découvert combien son pays avait changé.
Voir dossier sur le Louvre-Lens
Parallèlement, le Louvre-Lens propose une exposition sur le poète antique grec Homère, auteur présumé de L’Odyssée. L’implantation du musée a changé la donne, selon Julien Carrel : « Aujourd’hui, le Louvre-Lens est la première destination touristique avec ses 500.000 visiteurs annuels, dont seulement la moitié vient des Hauts-de-France ».
Et le programme de cet Odyssée ?
Coup d’envoi vendredi. La saison sera jalonnée de 150 rendez-vous parmi lesquels 20 Minutes a exercé une sélection. Dimanche 12 mai, un concert gratuit de Gaétan Roussel aura lieu sur le parc du Louvre-Lens (15 h 30). A partir du 17 mai, la fameuse cité minière des Electriciens, évoquée dans le film Bienvenue chez les Ch’tis de Dany Boon et qui date de 1856, va rouvrir ses portes à Bruay-la Buissière, après une réhabilitation qui a duré six ans. Elle se transforme en lieu culturel et touristique pour mettre en valeur le quotidien des mineurs.
Du 4 au 15 juin, cinq villes vont accueillir un spectacle urbain de cirque, musique, théâtre et danse, baptisé la Constellation imaginaire. Le dimanche 23 juin, le parc d’Olhain va se transformer en vaste aire de pique-nique. En septembre sera organisé un vol de pigeon entre le Louvre à Paris et le Louvre-Lens. Enfin, l’attraction rituelle sera, sans doute, cette « Fiat coupée friterie » de Benedetto Bufalino, une œuvre d’art où on pourra déguster des Frites.
Et dans dix ans ?
« La transformation n’est pas aboutie. L’émergence de nouvelles activités est en cours. Et puis, il y a l’attachement à cette histoire de la mine », reconnaît Julien Carrel. Ainsi, la construction d'un hôtel de luxe en face du Louvre-Lens s’est longtemps heurtée au courroux des habitants délogés de leurs corons. Ce manque d’hôtellerie freine d’ailleurs le développement touristique. Et puis de gros ratés sont aussi venus ternir l’image économique du territoire comme ce projet de tramway qui n’a jamais vu le jour.
Aujourd’hui, les élus misent sur les bus à hydrogène, sans rejet de particules de C02, pour relier Auchel à Bruay. La première ligne, inédite en France, sera mise en service à partir de cet été. Un choix politique fort en matière d’écologie car économiquement encore non rentable. Enfin, le centre de conservation des œuvres du Louvre devrait être opérationnel en septembre. Environ 320.000 tableaux, sculptures ou pièces précieuses, actuellement soumises aux crues de la Seine, seront alors transférés et conservées au milieu des anciens corons.
* Projections de photos et vidéos XXL baptisées « Racines », vendredi et samedi de 21 h 30 à minuit, à Loos-en-Gohelle, puis le 22 juin au Parc des îles à Hénin-Beaumont (23 h 30) et le 29 juin, sur le terril n°3 à Bruay-La-Buissière (23 h 30).