Lille ne veut plus de cirques présentant des animaux sauvages
SOCIETE•La capitale des Flandres est l’une des rares grandes villes de France à avoir pris position contre la présence d’animaux sauvages dans les cirques
Mikaël Libert
L'essentiel
- EELV a présenté un texte pour interdire à Lille les cirques avec des animaux sauvages.
- Ce vœu, largement modifié, a été adopté à l’unanimité par le conseil municipal.
- Aucune loi en ce sens n’existe en France, au contraire de 20 pays de l’Union.
Jeudi, le conseil municipal de Lille a fait un vœu. Celui de ne plus accueillir sur son territoire les cirques exhibant des animaux sauvages. C’est le groupe Europe écologie les Verts (EELV) qui est à l’origine de cette proposition, adoptée à l’unanimité par le conseil.
Les villes de Strasbourg et Montpellier ont déjà adopté des textes équivalents.
« Retrait progressif des animaux sauvages »
Le texte de base, soutenu par l’écologiste Vinciane Faber, a été largement revu et corrigé. Il était notamment demandé que la ville « se déclare en faveur de l’interdiction de la captivité et de l’exploitation des animaux sauvages dans les cirques et autres spectacles itinérants ». Cela s’est transformé en « retrait progressif des animaux sauvages dans les cirques ». Pour Vinciane Faber, c’est mieux que rien : « C’est un vœu, parce qu’en l’état de la législation, il est difficile d’interdire à un cirque de se produire avec des animaux sauvages. Les villes qui ont pris des arrêtés se sont fait retoquer par la justice. »
Mais le message est passé, Lille ne veut plus de cirques avec des animaux sauvages. « On salue le geste, c’est une avancée qui participe au mouvement. Les gens ne veulent plus de cela et les villes qui prennent position ont un rôle à jouer afin qu’une loi soit votée en ce sens », espère Amandine Sanvisens, co fondatrice de l’association Paris animaux zoopolis.
Une décision partagée par les Français
En 2018, un sondage Ifop pour la fondation 30 Millions d'amis montrait que 67 % des Français « demandent une réglementation qui mette fin à l’exploitation cruelle des animaux sauvages dans les cirques ». Interrogés sur Facebook, les lecteurs de 20 Minutes se sont prononcés à 91 % (sur 1.051 votants) pour l’interdiction des animaux sauvages dans les cirques. « Il y a un consensus scientifique autour de cette question et de nombreux pays européens ont déjà légiféré sur ce point », poursuit Amandine Sanvisens. Une vingtaine à ce jour, dont la Belgique, le Portugal ou encore l’Italie.
« Beaucoup de cirques se passent déjà des animaux sauvages. Thierry Fééry l’a fait pour la Grande fête lilloise du cirque. C’est une question d’image mais aussi parce que les fauves coûtent très cher par exemple », précise Vinciane Faber. Et il y a les irréductibles, comme Bouglione, Medrano ou Arlette Gruss souligne Paris animaux zoopolis.
« A ceux-là, je leur souhaite bon courage. Garder leurs animaux va être difficile », concède Firmin Gruss, directeur technique de la compagnie Alexis Gruss. Lui, il réfute désormais l’appellation « cirque », « trop marquée négativement dans l’esprit des gens ». Chez Alexis Gruss, le seul et dernier animal sauvage était un éléphant, parti en retraite en 2014. « On se focalise sur notre savoir-faire équestre en créant de grands spectacles. Il faut évoluer », insiste-t-il.