VIDEO. Lille : Ancêtres des photos aériennes, les plans-reliefs du musée ont retrouvé tout leur éclat
HISTOIRE•Après dix mois de restauration, les quatorze plans-reliefs du palais des Beaux-Arts de Lille retrouvent une deuxième jeunesse, près de 300 ans après leur naissanceFrançois Launay
L'essentiel
- Les quatorze plans-reliefs du musée de Lille ont été restaurés pendant dix mois.
- Ils sont de retour dans une salle d’exposition permanente depuis le 16 mars.
- L’occasion de découvrir l’histoire et la technique de cette impressionnante collection désormais déclinée en numérique.
Ce sont les ancêtres des drones, des vues par satellite ou des vues aériennes. Près 150 ans avant le premier vol en montgolfière (qui date de 1783), les plans-reliefs, ancêtres des plans des villes, permettaient d’avoir une vision aérienne du monde dès la fin du XVIIe siècle.
Depuis 20 ans, le Palais des Beaux-Arts de Lille en expose quatorze dans ses murs. Mais au fil des années, la poussière s’était accumulée et les plans-reliefs ont dû être restaurés. Après dix mois de travaux aux mains de quinze restauratrices, ils viennent de reprendre place, plus éclatants que jamais, dans la salle qui leur est consacrée au musée.
Un dépoussiérage physique et symbolique
« L’enjeu était de faire un dépoussiérage physique et symbolique de la collection. Il y avait eu 20 ans de poussière. Il y a eu un certain nombre de retouches. Et la grande découverte est le décrassement des eaux, rivières, fleuves, fossés qui entourent les villes fortifiées qui ont dévoilé un bleu qu’on avait oublié depuis plus d’un siècle. Les plans-reliefs ont retrouvé un éclat qu’ils n’avaient pas connu depuis longtemps », s’enthousiasme Florence Raymond, chargée de la collection des plans-reliefs au Palais des Beaux-Arts de Lille.
Dans la collection lilloise entièrement rénovée, on retrouve six villes françaises (Lille, Bergues, Gravelines, Calais, Aire-sur-la-Lys, Avesnes-sur-Helpe), sept villes belges (Namur, Charleroi, Ath, Tournai, Menin, Audenarde, Ypres) et une néerlandaise (Maastricht). Leur point commun : ce sont toutes des villes du Nord de l’Europe, proches des frontières, qui ont été conquises ou reconquises au fil des siècles.
Des plans-reliefs réalisés quand la ville venait d’être conquise
« La majorité des plans-reliefs ont été faits quand la ville avait été conquise. Elles commémorent une victoire. Ces maquettes ont servi à faire la guerre, à préparer les sièges, à mieux identifier les points forts et points faibles de la cité », poursuit Florence Raymond.
Pour les réaliser entre la fin du XVIIe et le milieu du XIXe siècle, les ingénieurs du roi faisaient un grand relevé sur place et au sol afin d’être le plus précis possible. Tout était dessiné dans le moindre détail (habitations, tracé des rues, végétation, matériaux) dans des grands cahiers.
On peut se promener dans le Lille du XVIIIe siècle
On reportait le tout sur des cartes toutes réalisées à la même échelle (1/600 000 soit 1 cm pour 6 mètres). Au total, 60 étapes étaient nécessaires à la réalisation d’un plan-relief (fait de bois, de papier aquarellé, de poudre de soie et de sable) qui nécessitait une à quatre années de travail.
Dans la restauration effectuée à Lille, une partie numérique a été rajoutée. On peut désormais se promener sur le plan interactif du Lille du début du XVIIIe siècle en cherchant les rues d’aujourd’hui. Succès garanti.