Lille: Le CHRU a développé un manga pour expliquer l'immunothérapie
SANTE•Le traitement par immunothérapie de certains cancers est relativement méconnu du grand publicMikaël Libert
L'essentiel
- Un manga animé pour expliquer le traitement par immunothérapie.
- Pour les patients atteints d’un cancer, mais aussi pour leur entourage.
- Développé sous la forme d’un polar accessible via une plateforme Web.
Enquête en terre de cancer. Bien malin celui qui, sans avoir fait médecine, saurait expliquer en termes intelligibles ce qu’est l’immunothérapie. C’est en partant de ce constat que le professeur Arnaud Scherpereel, spécialisé en pneumologie et oncologie thoracique au CHU de Lille, a eu l’idée de présenter ce traitement du cancer au travers d’un manga animé au scénario digne d’un polar : « Immuno toon »
« En fait, le principe de l’immunothérapie est assez simple. Pour autant, cela reste difficile à expliquer au patient et a ses proches, surtout lorsqu’ils sont encore sous le choc de l’annonce du cancer », assure le Pr Scherpereel. D’autant que, si la chimiothérapie parle au plus grand nombre, l’immunothérapie, relativement récente, souffre d’un déficit de notoriété auprès du grand public.
« Les méchants, ce sont les cellules cancéreuses »
« Je suis fan de cartoons américains, je me suis donc dit que ce serait une bonne idée d’expliquer cela au travers d’un dessin animé », poursuit l’oncologue. C’est en échangeant avec de jeunes designers et créateurs web que le projet est plutôt parti vers une application internet. « Nous avons créé un scénario très court inspiré du polar. Le système immunitaire devient la police du corps humain. Les méchants, ce sont les cellules cancéreuses », décrit Arnaud Scherpereel.
Il existe différentes options au scénario informant le patient sur les issues possibles du traitement par immunothérapie. Quand le traitement fonctionne, quand cela ne marche pas et la bavure policière, quand le système immunitaire se retourne contre l’organisme. Pour le médecin, « montrer tous ces aspects permet au patient d’être acteur dans son traitement, de le choisir ou pas, mais en toute connaissance de cause. »
Au développement d’une application smartphone, le CHRU a préféré une interface Web pour des questions d’accessibilité et de facilité de mise à jour. Le projet est 100 % lillois, mais le professeur Scherpeerel espère qu’il sera largement diffusé et utilisé dans d’autres hôpitaux. Et pourquoi pas aussi dans les facultés de médecine : « même à certains collègues, ce n’est pas toujours évident de leur expliquer l’immunothérapie », plaisante-t-il.