Pas-de-Calais: Un graffeur nordiste rend hommage au footballeur Emiliano Sala avec une fresque murale
SOUVENIR•Un artiste du Pas-de-Calais a réalisé une fresque murale sur un vestiaire de foot pour rendre hommage au footballeur disparu en mer Emiliano SalaGilles Durand
L'essentiel
- Le graffeur nordiste Kmu a dessiné une fresque murale au Portel, dans le Pas-de-Calais, pour rendre hommage au joueur de foot Emiliano Sala.
- La spécialité de cet artiste est de peindre des personnalités décédées.
- Agé de 40 ans, il a toujours dessiné et a commencé la bombe, il y a dix ans.
La photo est partie jusqu’en Argentine. Le graffeur nordiste Romuald Demilly, alias Kmu (prononcez « camu ») a rendu hommage, jeudi, à Emiliano Sala, en réalisant une fresque murale à l’effigie du footballeur victime d’un accident d’avion, comme le raconte La Semaine dans le Boulonnais.
L’image de Sala est désormais incrustée sur le mur du vestiaire du stade de foot du Portel, près de Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais. « On avait déjà peint ce mur avec un collègue. Il se trouve en face d’un parc de skate », raconte l’artiste Kmu, contacté par 20 Minutes.
« Cette histoire, elle est hallucinante »
C’est le destin tragique de l’ancien joueur qui a inspiré le graffeur qui aura 40 ans, lundi. « Je ne suis pas trop le foot, mais cette histoire, elle est hallucinante, lance-t-il. Un copain m’a expliqué qu’à 10 km près le corps aurait pu échouer sur la plage du Portel. Ça m’a donné l’idée de lui rendre hommage ».
Mardi soir, il a prévenu un ami, élu à la mairie du Portel pour le prévenir de son projet. « J’ai attaqué le mur sans autorisation, mardi soir et je l’ai terminé jeudi après sept heures de travail. Tout est fait à la bombe », précise Kmu.
Depuis, la fresque a fait le tour des réseaux sociaux. « Il y a eu beaucoup de retombées. J’ai croisé un vacancier qui m’a dit qu’il allait envoyer la photo à des amis en Argentine. J’aimerais avoir un retour de la famille d’Emiliano », avoue ce plombier-chauffagiste au chômage, qui a toujours été passionné par le dessin.
La tête à claques de l’école
« J’étais la tête à claques de l’école. Tout petit, je ne faisais que dessiner pour tout le monde. Mon père peignait des toiles mais ça ne m’a jamais vraiment botté. J’ai commencé à faire du graff, il y a dix ans, lorsqu’un ami a ouvert un magasin de bombes de peinture. »
Les premiers essais se font sur des cellophanes accrochés entre deux arbres. Puis, il a investi un mur d’expression dans la ZUP de Calais. « La ZUP a mauvais réputation. Moi, je n’y ai rencontré que des gens sympas qui m’apportaient le café quand je dessinais », glisse-t-il.
Le mur des défunts
Un jour, une femme lui a demandé de dessiner David Bowie, qui venait de mourir. « Quelque temps après, j’ai dessiné Prince par-dessus, puis Jean Rochefort avec une casquette. J’ai fini par faire Johnny Hallyday, qu’on me réclamait souvent, mais tant qu’il n’était pas mort, je refusais. C’est devenu le mur des défunts. »
Aujourd’hui, l’artiste sillonne les concours, de la Normandie à Bruxelles pour se faire un nom. Sa réputation, il l’a forgée aussi en se spécialisant dans les personnalités décédées. « Si tu es peint par Kmu, c’est que tu es entre quatre planches », plaisante-t-il.
Le colonel Arnaud Beltrame, assassiné lors d’une prise d’otages, a aussi son portrait de Kmu sur la gendarmerie de la commune de Neuchâtel-Hardelot. « Celui-là, assure l’artiste, je suis sûr que personne ne va aller le dégrader. »