VIDEO. «La psychanalyse s’apparente à une secte, avec la même manipulation mentale»
INTERVIEW•La réalisatrice nordiste, Sophie Robert, dénonce, dans un documentaire, le discours « viscéralement sexiste » de la psychanalyse…Propos recueillis par Gilles Durand
L'essentiel
- La réalisatrice nordiste, Sophie Robert, sort un nouveau documentaire qui égratigne la psychanalyse, six ans après le premier qui dénonçait le traitement psychanalytique de l’autisme.
- Le film, Le Phallus et le néant, évoque, selon la documentariste, la vision sexiste de la psychanalyse.
- La réalisatrice dénonce les dérives sectaires et la manipulation mentale de certains psychanalystes.
Elle avait déjà jeté un pavé dans la mare de la psychanalyse avec Le Mur, un documentaire sur l’autisme. La réalisatrice nordiste, Sophie Robert, récidive avec un nouveau film, Le phallus et le néant, qui dénonce le discours « viscéralement sexiste » des psychanalystes qu’elle a interviewés. « Seule la perversion permet le rapport sexuel, les homosexuels sont des psychotiques qui s’ignorent », peut-on entendre. Les premières projections en séance débat sont programmées* cette semaine, dans la métropole lilloise, après une avant-première à Paris, en novembre.
Comment est né ce documentaire ?
Au départ, j’avais prévu une série de films sur la psychanalyse pour faire un état des lieux de cette pratique, près d’un siècle après l’élaboration des théories fondatrices par Sigmund Freud. J’ai interviewé de nombreux psychanalystes en 2010 et 2011. Or, mon travail a pris beaucoup de retard à cause du procès intenté contre le premier documentaire que j’ai réalisé sur l’autisme. Procès que j’ai fini par gagner. Le Phallus et le néant devait sortir en 2013, initialement.
Ce nouveau film a aussi été attaqué en justice…
Une psychanalyse remettait en cause l’autorisation qu’elle m’avait donnée, à l’époque, du droit à l’image. Le tribunal de Paris l’a déboutée, estimant que, depuis le début, j’avais bien prévenu qu’il y aurait plusieurs films.
Certains psychanalystes interrogés vous reprochent d’avoir réalisé un film à charge…
Ce n’était nullement mon intention, au départ. Je m’intéresse à la psychanalyse, en tant que science humaine, depuis longtemps. Ma démarche était de voir comment cette pratique avait évolué avec l’évolution de la société. Existait-il des dissidences ? J’ai été frappé de voir que les psychanalystes dissidents n’avaient pas fait école et que le discours restait identique, cent ans plus tard.
Selon vous, la psychanalyse s’appuie sur des valeurs sexistes…
Elle est fondée sur un discours viscéralement sexiste. Une valeur centrale est que le sexe de la femme n’existe pas, c’est simplement un trou. Alors qu’on retrouve des milliers de représentations de la femme ou du sexe de la femme dans les sociétés préhistoriques. Mais cette réalité est inaudible pour les psychanalystes. Pour eux, la référence, c’est le début de l’histoire patriarcale, dans la Haute Antiquité, avec la naissance des mythes grecs, par exemple.
Quel est le principal reproche que vous faites ?
De ne prendre en compte que les éléments qui confirment les thèses de Freud ou de Lacan et de ne jamais se remettre en question. Prenez, par exemple, la théorie de l’inceste et le fameux complexe d’Œdipe. Les enfants auraient le désir de s’unir à leurs parents, car c’est, soi-disant, naturel. Or, des études sur les animaux prouvent que c’est faux et que les relations incestueuses, dans la nature, sont marginales. Aucun des psychanalystes que j’ai interrogés ne le savait.
N’y a-t-il rien à sauver dans la psychanalyse ?
La démarche de psychothérapie qui consiste à se confier à quelqu’un de bienveillant est utile. Mais on assiste à des dérives chez de nombreux psychanalystes. L’une d’elles témoigne dans mon film que « l’inceste paternel ça ne fait pas tellement de dégâts, ça rend juste les filles un peu débiles ».
C’est un cri d’alerte que vous lancez…
La psychanalyse s’apparente à une religion fondamentaliste et à une secte, avec la même manipulation mentale. Le problème, c’est qu’elle est enseignée à l’université par des psychiatres ou des psychologues reconnus. Dans mon film, trois victimes d’inceste ou d’abus sexuels témoignent des dégâts causés par leur psychanalyse. C’est un problème de santé publique scandaleux qui mériterait débat.
* Ce mardi, à 20 heures, au cinéma Métropole de Lille et vendredi, à 20 heures, au ciné Lumières d’Armentières. Une quarantaine de dates sont déjà prévues dans toute la France.