Lille: Les derniers bains-douches municipaux de la région vont bientôt fermer
SOCIÉTÉ•Pour justifier sa décision, la mairie met en avant la vétusté des lieux et la fréquentation en baisse…Mikaël Libert
L'essentiel
- Les Bains-Douches de Lille sont les derniers au nord de Paris.
- La mairie souhaite les fermer et mettre en place des solutions de remplacement.
- La France insoumise s’interroge sur les motivations de la municipalité.
La vie des derniers bains-douches de Lille arrive à son terme. C’est dans la chaleur de l’été dernier que le bruit d’une fermeture programmée des bains municipaux a commencé à courir. Une rumeur fondée, puisque la ville a confirmé, peu de temps après, que l’endroit allait bel et bien fermer ses portes. Une décision contestée, malgré les tentatives d’apaisement de la mairie.
Le vendredi après-midi, les bains douches de Fives accueillent le public dès 13h45. Et avant même l’ouverture des portes, une dizaine de personnes attendaient depuis déjà un bon moment sur le perron. « Il y a toujours plus de monde le vendredi, beaucoup viennent faire leurs ablutions avant la prière du soir », confie une employée. Pour le reste de la semaine, la fréquentation est plus aléatoire. « Nous avons comptabilisé 12.000 entrées l’année dernière », assure Magalie Herlem, conseillère Municipale déléguée à la lutte contre les exclusions.
« Nous ne fermerons pas avant d’avoir trouvé des solutions »
Mais la modeste fréquentation n’est pas le seul argument de la mairie pour fermer les lieux. « Le bâtiment a été laissé à lui-même, peu de travaux ont été réalisés. Ce n’est pas étonnant qu’il soit vétuste aujourd’hui », proteste le député LFI, Hugo Bernalicis. L’extérieur n’est franchement pas frais. Mais à l’intérieur, c’est propre. « Le pire, c’est en bas, à la chaufferie », glisse un autre membre du personnel.
Pour toutes ces raisons, l’arrêt de mort des bains-douches a été signé, il ne manque plus que la date : « Nous ne fermerons pas avant d’avoir trouvé des solutions de remplacement », martèle Magalie Herlem. Les pistes évoquées : « conforter l’offre de douches des accueils de jour, ou en créer de nouveaux lieux. Et ouvrir une salle de sport municipale », détaille l’élue, précisant que tout serait gratuit.
« Que va faire la mairie du terrain »
« Ces solutions, pourquoi pas, poursuit le député LFI. Mais en plus des bains-douches. Et que va faire la mairie du terrain, le vendre comme ça a été le cas à Wazemmes ? C’est d’autant plus dommage que d’un point de vue patrimonial, ce sont les derniers bains-douches existants au nord de Paris », déplore-t-il.
Une ancienne habitante du quartier se souvient : « Dans la maison de mes parents, il n’y avait pas de salle de bains. C’était soit les bains-douches, soit la bassine dans la cuisine. Il y a encore des personnes dans cette situation », affirme-t-elle. Et pour Hugo Bernalicis, « tant que le problème de la misère ne sera pas réglé, il faudra des endroits comme celui-ci. »