Brexit: L’économie des Hauts-de-France dépendante de la Grande-Bretagne?
ECONOMIE•Les négociations commerciales avec la Grande-Bretagne intéressent au plus haut point l’économie des Hauts-de-France largement exportatrice vers ce pays…Gilles Durand
L'essentiel
- Un comité stratégique s’est réuni à Lille pour évoquer les conséquences que pourrait avoir le retrait britannique sur la région Hauts-de-France.
- L’économie des Hauts-de-France a un solde commercial positif de 2 milliards d’euros.
- Un Brexit dur pourrait avoir de fâcheuses conséquences pour plus de 5.000 entreprises régionales.
Ça s’excite autour du Brexit. Un comité stratégique s’est réuni, ce lundi matin, à Lille, pour évoquer les conséquences que pourrait avoir le retrait britannique sur la région Hauts-de-France. La date fatidique du 29 mars approche et, à en croire, le président de la Région, Xavier Bertrand, « si on continue, on va dans le mur ».
Le retour d’une frontière entre la France et la Grande-Bretagne n’arrangerait en effet pas les affaires de l’économie nordiste et picarde. Un simple chiffre permet de comprendre cette crispation : les exportations y sont plus nombreuses que les importations. En 2017, le solde de la balance commerciale s’élevait à 2 milliards, en constante progression depuis quatre ans. Aucun autre pays ne permet un tel excédent commercial pour la région. C’est dire si les négociations sont scrutées avec intérêt.
10 % de droits de douane sur les automobiles
« S’il n’y a pas d’accord, les règles de l’Organisation mondiale du commerce vont s’appliquer, c’est-à-dire 10 % de droits de douane sur les automobiles, par exemple », explique la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Internationale. Or, l’exportation de véhicules est un des secteurs les plus performants avec les produits cosmétiques et chimiques, ainsi que l’agroalimentaire.
Sans oublier que les contrôles douaniers renforcés risquent d’allonger les temps d’arrêt à la frontière. Seule certitude, le nombre de douaniers va augmenter, mais où va s’installer la nouvelle douane ? « Nous avons un projet près de Calais, à l’intersection de l’A16 et de l’A26 », annonce Natacha Bouchart, maire de Calais.
Des filiales en Grande-Bretagne
« Pas moins de 5.500 entreprises commercent régulièrement avec le Royaume-Uni et parmi elles, elles sont 2.200 à être très dépendantes de ce commerce », précise Philippe Hourdain, président de la CCI de région. Selon une étude de cette CCI Hauts-de-France, 32 entreprises de la région ont au moins une filiale en Grande-Bretagne. Le fabricant de levure Lesaffre en a quatre et le producteur de sucre, Terreos, trois. Qu’en sera-t-il après le 29 mars ?
En cas de Brexit sans accord, la région risque de souffrir pour maintenir ses débouchés vers la Grande-Bretagne. Revers de la médaille : les entreprises britanniques pourraient davantage investir dans les Hauts-de-France pour garder un pied dans l’Union européenne. « En ce moment, il y a beaucoup d’attentisme de part et d’autre », avoue la CCI Internationale. C’est connu : le monde des affaires n’aime pas l’inconnu.