PUREEPourquoi Mousline préfère les patates bio d'Allemagne plutôt que de France?

Pourquoi Mousline pour sa purée préfère les pommes de terre bio d'Allemagne plutôt que celles des Hauts-de-France?

PUREEL’usine Mousline de Picardie a choisi de s’approvisionner en pommes de terre venues d'Allemagne pour produire bio plutôt qu'en patates bio des Hauts-de-France. Mais pourquoi?...
Gilles Durand

Gilles Durand

L'essentiel

  • La marque Mousline a choisi de s’approvisionner en Allemagne pour produire sa purée bio, au détriment de la production locale picarde de pommes de terre.
  • L’argument du géant de l’agroalimentaire est que la production locale n’est pas suffisante.
  • Le réseau Bio en Hauts-de-France estime, au contraire, qu’avec du temps, la conversion agricole vers le bio peut se faire.

D’un côté, l’organisation régionale des agriculteurs biologiques lance une campagne « Manger bio et local, c’est l’idéal »*. De l’autre, la marque Mousline fabrique, depuis début septembre, sa nouvelle purée bio avec des pommes de terre venues d’Allemagne.

La marque du géant de l’agroalimentaire Nestlé a choisi de laisser de côté l’approvisionnement local pour son nouveau produit bio. Or depuis son installation en 1963 à Rosières-en-Santerre, dans la Somme, l’usine Mousline travaille avec 169 producteurs dans un rayon de 30 km. S’approvisionner à la fois en bio et localement serait-il donc incompatible dans les Hauts-de-France ?

Moins de 1 % de la production conventionnelle

Pour se lancer dans la purée bio, Mousline a décidé de rompre avec les circuits courts. « L’offre locale manque, surtout pour les marques nationales qui produisent des gros volumes », affirme à l’AFP, Pierre-Alexandre Teulié, directeur général chargé du développement durable pour la France.

De fait, avec seulement 500 hectares cultivés (environ 1.000 terrains de foot), la production de pommes de terre bio dans les Hauts-de-France représente moins de 1 % de la production conventionnelle. « En plus, tous les producteurs bio ont déjà des débouchés », explique Simon Hallez, en charge des filières dans le réseau Bio en Hauts-de-France.

Un message « déplorable pour le consommateur »

Selon lui, le message envoyé par Mousline est « déplorable pour le consommateur ». « On oppose bio et local alors que de nombreuses entreprises agroalimentaires relocalisent leur production en bio, assure-t-il. Le souci, c’est que ça prend du temps. Il faut en moyenne quatre à cinq ans entre la prise de décision et la première récolte, pour qu’un agriculteur se convertisse en bio. »

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En plus, la conversion peut être risquée : le rendement est inférieur de 50 %, à cause du mildiou qui se développe en cas d’humidité excessive. « Ce qui n’est pas le cas en Allemagne où le climat continental protège de ce genre de désagrément et où les coûts de production sont plus bas », explique à l’AFP, Mathieu Conseil, de l’Institut technique de l’agriculture biologique.

« Il faut que les entreprises engagent une autre logique de partenariat avec la bio, sans reproduire les méthodes du marché conventionnel et la mise en concurrence permanente, précise Simon Hallez. Elles doivent, au contraire, s’engager dans un plan de développement concerté avec les agriculteurs pour que ça marche. »

McCain sur le point de s’engager dans la bio ?

La marge de progression est énorme. Depuis deux ans, la culture bio a la patate. La région, qui partait de loin, connaît la conversion la plus dynamique de France, entre 15 et 20 % d’augmentation par an.

Contactées sur leurs intentions face à cette demande de plus en plus forte en produits bio, les deux autres grosses entreprises de transformation de pommes de terre de la région, McCain, dans le Pas-de-Calais, et Vico, dans l’Aisne, n’ont pas donné suite.

Selon nos informations, l’Américain McCain serait, lui aussi, sur le point de développer une gamme bio. Mais, contrairement à Mousline, avec des producteurs locaux en cours de conversion.

* Jusqu’au 30 septembre.