TRANSPORTLes cinq taxis de l'aéroport de Lille sacrifiés sur l'autel de la concorde?

Lille: Les cinq taxis de l'aéroport sacrifiés sur l'autel de la concorde?

TRANSPORTUn nouvel arrêté préfectoral sur le stationnement des taxis à l’aéroport de Lille-Lesquin a été soumis à la justice…
Mikaël Libert

Mikaël Libert

L'essentiel

  • Un arrêté préfectoral s’il était validé par la justice ferait passer le nombre de taxis autorisés à charger des clients à l’aéroport de 197 à 358.
  • Jusqu’à maintenant, seuls cinq taxis « aéroports » et le service commun des taxis de Lille avaient le droit de stationner à l’aéroport.

Dommages collatéraux. Fin juin, le préfet du Nord a soumis au président de la cour d’appel de Douai un projet d’arrêté réglementant le stationnement des taxis dans l’emprise de l’aéroport de Lille. S’il était validé par la justice, le nombre de taxis autorisés à charger des clients à l’aéroport passerait de 197 à 358. Une décision qui ne serait pas sans provoquer quelques dégâts collatéraux.

Jusqu’à maintenant, seuls cinq taxis « aéroports » et le service commun des taxis de Lille (regroupant Lille, la Madeleine, Lambersart, Loos, Saint-André et Villeneuve d’Ascq) avaient le droit, par arrêté préfectoral, de stationner à l’aéroport. Un arrêté contesté devant la justice par les taxis des autres communes de la Métropole européenne de Lille (MEL) qui souhaitaient, eux aussi, leur part du gâteau de Lesquin.

« Un équipement d’intérêt régional »

La justice administrative a donné raison à ces derniers en 2013, expliquant que l’aéroport est « un équipement d’intérêt régional ayant vocation à être accessible en taxi à l’ensemble de la métropole lilloise ». Décision confirmée en appel en 2014, assortie d’une injonction, début 2018, pour que le préfet exécute le jugement.

Dans son nouvel arrêté, le préfet ouvre donc la possibilité de stationner à l’aéroport à tous les taxis de la MEL, soit 358 au lieu des 197 actuels. Sauf que le nombre de places de stationnement réservées aux taxis, lui, reste bloqué à 26… Premier arrivé, premier servi, car le préfet précise qu’aucun taxi « ne pourra revendiquer une priorité par rapport aux autres ».

Ce qui pose, outre la guerre des places, le problème des cinq artisans labellisés « aéroport ». Ceux-là n’ont pas le droit de charger de client ailleurs qu’à l’aéroport. Même quand ils étaient près de 200, ils s’en sortaient car ils étaient prioritaires dans la file d’attente : « Si cet arrêté passe, nous devrons attendre derrière les autres au risque de ne pas pouvoir travailler », explique à 20 Minutes l’un d’eux. Un risque financier reconnu par la préfecture elle-même : les « cinq professionnels taxis aéroport qui pourraient être fragilisés économiquement ».

Des licences à 200.000 euros qui valent zéro

D’autant que ces licences labellisées « aéroport » ne sont pas gratuites : « Nous les avons payées entre 150.000 et 210.000 euros. Avec ce nouvel arrêté, elles ne valent plus rien », assure un des cinq concernés. Et nulle part dans les textes il n’est prévu de compensation, que ce soit financière ou pour autoriser les cinq à pouvoir charger des clients ailleurs qu’à l’aéroport.

Sollicitée par 20 Minutes, la préfecture a confirmé que, « selon les termes de l’arrêt de la cour administrative d’appel elles [les licences aéroport] ne peuvent être maintenues » et qu’une « solution spécifique est étudiée » pour les dédommager. Cette solution pourrait être le rattachement des cinq « aéroports » à des communes possédant des licences de taxi disponibles. Une nouvelle manifestation des 197 taxis concernés par l’ancien arrêté est prévue, mardi. La décision finale de la justice est attendue pour la rentrée.