Nord : Frédéric Motte, ce patron nordiste qui veut donner une « meilleure image » du Medef
ECONOMIE•A la tête d’un groupe de PME locales, Frédéric Motte s’est lancé dans la course à la présidence du Medef pour succéder à Pierre Gattaz…Gilles Durand
L'essentiel
- Le nouveau président du Medef sera connu le 3 juillet avec un premier tour, le 11 juin.
- Frédéric Motte, président du Medef des Hauts-de-France, se présente comme candidat à la présidence nationale.
- Il remet en cause la participation à certains organismes paritaires comme la CAF.
Il a décidé de se présenter à la présidence nationale du Medef. A la tête d’un réseau de sites de production industrielle, Frédéric Motte est devenu président du Medef (Mouvement des entreprises de France) du Nord-Pas-de-Calais en 2014, puis des Hauts-de-France. Ce patron de 53 ans et originaire d’Armentières vise désormais l’étage supérieur pour succéder à Pierre Gattaz. Il fait partie des neuf candidats déclarés. 20 Minutes est allé à sa rencontre.
Que reprochez-vous au Medef actuel ?
Le Medef doit redevenir une boîte à idées et une force de proposition. Jusqu’alors, c’était un Medef de combat face aux différents gouvernements. Aujourd’hui, le gouvernement nous ouvre la porte et nous n’étions pas préparés à ça. Il faut devenir un Medef de dialogue et un Medef de gestion.
Quelle sera votre mesure phare ?
Je crois beaucoup aux corps intermédiaires et au paritarisme. Dans certains domaines, il faut s’investir davantage dans la gestion partagée avec les organisations de salariés et syndicales. Le 1% logement, par exemple, fonctionne bien. En revanche, le Medef n’a plus lieu de s’investir dans des organismes comme la CAF ou la sécurité sociale qui doivent être gérés entre les particuliers et l’Etat.
Diriez-vous que le Medef traîne une mauvaise image ?
C’est vrai. Dans la posture et dans l’image, tous les entrepreneurs ne s’y retrouvent pas. Je suis patron d’une PME, or 95 % des adhérents au Medef gèrent des PME. Il faudrait rendre le Medef moins désuet et lui donner une meilleure image.
Quel est votre modèle pour l’entreprise ?
Une entreprise ne doit pas avoir comme simple objectif de gagner du pognon. Elle a une responsabilité sociétale et appartient à un écosystème. Dans notre société, ça n’ira pas si seulement un tiers des gens se sentent bien dans leur monde. On le voit avec près de 40 % des gens qui ont des positions extrêmes dans ce pays. On s’aperçoit qu’il existe une fracture sociale qui va de pair avec la fracture territoriale.
Que peut faire le Medef contre ça ?
Il doit faciliter la mobilisation des territoires. Dans le projet de Medef et dans le programme présidentiel d’Emmanuel Macron, il n’y a pas un mot sur les territoires. Or, l’innovation ne peut venir que des territoires. Je ne crois pas à la démarche top down qui voudrait que les grands projets se décident d’en haut. Au contraire, il faut libérer les initiatives locales. Regardez, par exemple, le développement des gîtes dans la baie de Somme ! Voilà un territoire qui met intelligemment en avant ses atouts.
Pourquoi votre candidature est meilleure que les autres ?
Je sais rassembler. Je l’ai montré régionalement. En plus, je suis engagé socialement, en m’impliquant naguère dans le Ceser* et comme maire d’une petite commune, Beaucamps-Ligny.
*Conseil économique, social et environnemental régional.