SOLIDARITEPourquoi les applis pour sauver des vies se multiplient, sans concertation

VIDEO. Nord: Pourquoi les applis pour sauver des vies se multiplient, sans concertation

SOLIDARITEDans le Nord, le Samu du CHRU de Lille et les pompiers s’apprêtent à lancer leur propre application de survie en cas d’arrêt cardiaque. Pas forcément une bonne chose…
Gilles Durand

Gilles Durand

L'essentiel

  • Le Samu du CHRU de Lille doit lancer, mardi, une application chargée de sauver des vies en cas d'arrêt cardiaque.
  • Les pompiers de Paris testent, de leur côté, une autre appli qui rend le même service.
  • Dans le Nord, le Samu et les pompiers ne se sont pas concertés pour travailler ensemble sur un même projet.

C’est une concurrence malsaine qui s’installe entre le Samu et les pompiers. Mardi sera lancée officiellement l’application « Sauv Life » par l’équipe du Samu du CHRU de Lille. Or, dans les semaines à venir, les pompiers du Nord s’apprêtent à mettre en service exactement le même genre d’appli, baptisée, cette fois, « Staying Alive ».

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Ces deux applis recensent et localisent les défibrillateurs cardiaques (DAE) avec pour objectif de mobiliser un maximum de « bons samaritains » capables d’effectuer très rapidement les premiers gestes de survie lors d’un arrêt cardiaque sur la voie publique.

Seules 5 % des victimes s’en sortent

Dans les deux cas, des « bons samaritains » devront télécharger l’appli sur leur smartphone. En cas d’urgence, s’ils sont géolocalisés dans le secteur du drame, ils sont invités à intervenir. « On sait qu’un massage cardiaque commencé très tôt, avec, en plus, l’aide d’un DAE, augmente très fortement les chances de survie de la victime », souligne Jérôme Cuny, médecin urgentiste au Samu du Nord.

Or, en France, sur 40.000 arrêts cardiaques signalés par an, seules 5 % des victimes s’en sortent sans séquelle. Un chiffre que le Samu, comme les pompiers, aimerait voir augmenter. « Il existe une grosse marge de progression », estime Jérôme Cuny.

D’où l’engouement pour « Sauv Life », « Staying Alive », mais aussi « Permis de sauver », à Lyon, par exemple. Cette fois, il s’agit d’une appli lancée par des pompiers de Lyon et qui doit être testée… par le Samu lyonnais.

« Une concurrence regrettable »

« Cet effet de concurrence est regrettable, dénonce Patrick Hertgen, médecin chef des pompiers du Nord. Il aurait été préférable de mutualiser les forces sur une seule application, car les bons samaritains ne vont pas en télécharger plusieurs. » Chez les pompiers de Paris, qui utilisent Staying Alive depuis plusieurs mois, on n’hésite pas à considérer ces doublons comme « dangereux ».

« Sans convergence, ces applis vont faire pire que mieux, raconte un pompier de Paris. Or, depuis octobre, Staying Alive commence à faire ses preuves. On mesure de nets progrès dans le recrutement et l’intervention des secouristes. En décembre, un patient de 36 ans doit très probablement sa survie sans séquelle aux gestes réalisés par un bon samaritain ».

Longtemps payante

Si Staying Alive est effectivement l’appli la plus ancienne, elle est longtemps restée payante, ce qui fait que seuls, pour l’instant, les pompiers de Paris, de la Haute-Saône et du Lot-et-Garonne l’ont expérimentée. « Sauv Life », créée par un médecin de l’hôpital Necker, à Paris, a l’avantage d’avoir joué de suite la carte de la gratuité.

On s’achemine donc vers une guéguerre des applis, notamment dans le Nord car si les protagonistes s’en défendent, il existe bel et bien une rivalité dans la maîtrise des secours. Rivalité que le président Emmanuel Macron avait pointée du doigt, lors d’un discours devant les pompiers en octobre, quand il avait souhaité la mise en place d'une plate forme commune d’appels des secours.

A noter que le département du Nord dispose de dix centres de Smur hospitaliers et de 120 casernes de pompiers pour organiser les secours. En moyenne, le délai entre l’appel et l’arrivée d’un Smur est de 19 minutes, il est de 8 minutes pour les pompiers.