JUSTICEUne sénatrice du Nord se penche sur les violences conjugales

«Seule une femme sur cinq victimes de violence au sein du couple porte plainte», selon une sénatrice du Nord

JUSTICEL'élue LR, Brigitte Lherbier, monte au créneau pour renforcer la législation concernant les violences conjugales et familiales…
Gilles Durand

Propos recueillis par Gilles Durand

L'essentiel

  • La sénatrice (LR) du Nord, Brigitte Lherbier, pointe les problèmes sur l’application des peines pour les auteurs de violences conjugales et familiales.
  • Selon elle, seulement une femme sur cinq victimes de violences au sein du couple porte plainte.
  • L’ancienne adjointe à la Sécurité de Tourcoing souhaite généraliser les expériences mises en place dans sa ville.

Meilleur suivi des condamnés, meilleure prise en charge des femmes victimes… La sénatrice (LR) du Nord, Brigitte Lherbier, a été rapporteuse d'une proposition de loi - finalement retirée - sur l’application des peines pour les auteurs de violences conjugales et familiales. Elle interpelle la Garde des Sceaux pour renforcer la législation dans ce domaine.

Les violences faites aux femmes sont un sujet qui vous touche particulièrement…

Lorsque j’étais adjointe à la prévention et à la sécurité à la mairie de Tourcoing, nous avions mis en place une cellule de veille qui se réunissait chaque vendredi matin. Il s’agissait de repérer les points faibles concernant la prise en charge des violences dans le cadre familial, que ce soit sur les femmes ou les enfants. C’était un sujet préoccupant. Maintenant que je suis au Sénat, je souhaiterais généraliser cette expérience.

Le point de départ, c’était cette proposition de loi sur l’exécution effective des peines pour les condamnés…

La proposition de loi émanait de Françoise Laborde, une élue PRG, qui souhaitait qu’il n’y ait plus d’aménagement possible de la sanction pour les auteurs de violences conjugales, comme c’est le cas pour les terroristes. Juridiquement, c’était difficilement faisable car on instaurait une différence sur les régimes d’exécution des peines. La proposition a finalement été rejetée, mais le travail de la commission des lois a permis de mettre en lumière d’autres défaillances.

Lesquelles ?

Il faut profiter de la détention pour proposer des soins et des formations adaptés aux personnes condamnées, afin qu’elles ne sortent pas de prison aussi violentes. Il y a aussi un manque d’encadrement à la sortie, alors qu’une obligation de suivi de soins psychiatriques ou en addictologie par des éducateurs serait nécessaire. Un renforcement du contrôle exercé par les conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation est également souhaitable dans le cadre des aménagements de peine.

L’objectif reste de protéger davantage les victimes…

On s’aperçoit que moins d’une femme sur cinq victimes de violence au sein d’un couple déclare avoir déposé plainte, souvent par auto censure, souvent par peur des représailles. Cette situation est intolérable et déshonore notre pays. À Tourcoing, nous avions fait embaucher au commissariat une travailleuse sociale chargée de recevoir et d’épauler les femmes victimes. Pourquoi ne pas généraliser ce genre d’emploi dans les commissariats et gendarmeries de France ?