Quand l’art rencontre la géopolitique. Après un séjour à l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris, l’exposition* baptisée Chrétiens d’Orient débarque, ce jeudi, au musée des beaux-arts de Tourcoing (MuBA). Les œuvres présentées retracent 2.000 ans d’histoire, mais surtout, s’inscrivent dans un contexte de forte résonance avec l’actualité et les persécutions des chrétiens dans certains pays arabes. Avant d’y mettre les pieds, 20 Minutes vous dresse les grandes lignes historiques à connaître pour ne pas s’y perdre.

La christianisation des Bédouins. « L’IMA avait déjà monté une exposition sur la civilisation arabo-musulmane, celle-ci est le pendant pour montrer aussi l’influence des chrétiens dans le Proche et le Moyen-Orient », explique Elodie Bouffard, commissaire de l’exposition. Et cette influence commence dès le 2e siècle avec la christianisation d’une partie de la population bédouine au Yémen et en Arabie Saoudite, puis l’installation des premières Eglises entre la Syrie et l’Irak. « À l’époque, il n’y a ni frontière, ni pays, c’est un monde ouvert qui suit les routes commerciales », explique Elodie Bouffard.

L’arrivée de l’Islam. « Contrairement à ce qu’on pourrait penser, même après les conquêtes musulmanes au 7e siècle, l’Orient est resté, jusqu’au 13e siècle, majoritairement chrétien, avec de nombreuses communautés. Les impôts, notamment, sont toujours prélevés par les chrétiens », précise Elodie Bouffard. C’est l’époque où l’arabe devient une grande langue culturelle. « Des mesures discriminatoires vont se mettent en place petit à petit et les premières conversions religieuses auront lieu au moment des Croisades entre le 10e et le 13e siècle. »

Sous l’empire Ottoman. Une nouvelle histoire commence. Après les tensions nées des Croisades, de nouvelles relations vont se tisser entre l’Orient et l’Occident, notamment grâce aux rois de France François Ier et Louis XIV. Les commerçants chrétiens occidentaux s’implantent à nouveaux dans ces territoires à partir du 16e siècle. Sous l’influence des catholiques latins, le 18e siècle voit les Eglises d’Orient se scinder en deux, entre orthodoxes et catholiques, comme c’est le cas chez les Coptes d’Egypte.

Le nationalisme arabe. Après la 1re Guerre mondiale et la chute de l’Empire ottoman, l’histoire devient nationale. « C’est à cette période qu’on assiste aux premiers massacres de masse des chrétiens : les Arméniens, les Assyro-Chaldéens…, indique Elodie Bouffard. Jusqu’à aujourd’hui où on constate une politique globale de destruction de l’histoire et du patrimoine de la part de Daesh ». Fera-t-elle voler en éclat deux millénaires ans de cohabitation ?

* Jusqu’au 11 juin, au MuBA Eugène Leroy, 2, rue Paul-Doumer à Tourcoing. Tous les jours, sauf mardi et jours fériés. Tarifs : 7/3 euros.