Lille : La rénovation de logements sociaux met les locataires en colère
POLEMIQUE•Les habitants d’une résidence à Lille s’insurgent contre les conditions de réhabilitation de leur résidence qu’ils jugent déplorables…Gilles Durand
L'essentiel
- Les locataires d’une résidence à Lille, se plaignent des travaux qu’ils jugent désastreux.
- Un élu FN d’opposition a décidé de soutenir l’action en justice des locataires.
- Le bailleur social, maître d’ouvrage, assure suivre le chantier de près.
Pour eux, c’est du travail de sagouin. Plusieurs habitants de la résidence du May-Four, dans le quartier Saint-Maurice-Pellevoisin, à Lille, sont vent debout contre le chantier de réhabilitation qui a commencé début avril. Une association « les victimes des 140 » doit d’ailleurs voir le jour, cette semaine, avec la ferme intention de porter plainte contre le bailleur social chargé de l’ouvrage.
Planchers et plafonds percés, garages inondés…
Aziz Bouchena est l’un des locataires les plus virulents. Il se présente comme ancien ingénieur dans le bâtiment et pour lui, « ce chantier, c’est n’importe quoi ». Et de dresser une liste des défauts constatés à la suite des travaux : inondations de garages et de caves, fenêtres posées de guingois, plancher ou plafond percé…
« Il n’y a aucune communication avec les locataires », se plaint Abdel qui a vu son plancher démoli par une perceuse. « C’est très bien de nous mettre des volets roulants aux fenêtres, mais s’ils tombent en panne, il faudra tout démonter car le coffrage n’a pas été adapté », dénonce Gilles. Quant à Jean, il se plaint de courants d’air depuis l’installation de sa nouvelle fenêtre qui n’a pas été calfeutrée.
S’ajoutent les nuisances inhérentes à tout chantier de cette envergure. Car si le bailleur social, Logis Métropole, contacté par 20 Minutes, n’a pas pu nous donner le chiffrage financier de l’opération, il est estimé à 8,2 millions avec une aide de 700.000 euros de la métropole de Lille.
Découverte d’amiante
« On suit le chantier de près. Le problème, c’est que nous avons trouvé de l’amiante dans les balcons au début des travaux, ce qui a provoqué du retard », plaide Logis Métropole qui a organisé une réunion de chantier le 24 novembre. « Les doléances ont été signalées à l’entreprise Cabre qui effectue les travaux, affirme le bailleur social. Un inspecteur est passé pour juger de l’insalubrité. Le compte rendu ne comporte aucune alerte. »
Les quatre bâtiments de cette résidence qui datent de 1975-77 abritent 140 logements qui nécessitaient une cure de jouvence, notamment pour améliorer la performance énergétique, « mais pour l’instant, les gens vivent dans le froid », déplore Eric Dillies.
L’élu (FN) de l’opposition, à Lille, a décidé de soutenir la colère des habitants. « J’ai été contacté par un locataire que je connais bien. J’ai porté l’affaire au conseil municipal », explique-t-il. Il dénonce notamment le diagnostic social confié à Citéo : « Je suis curieux de savoir ce qu’il y est écrit. Mais apparemment, personne n’a rien vu, ni rien entendu ».
Une seule plainte à la mairie
« Eric Dillies monte cette affaire en épingle, mais pour l’instant nous n’avons reçu qu’une seule plainte », souligne Estelle Rodes, adjointe (PS) à la mairie chargée des relations avec les bailleurs sociaux. L’élue « comprend que les locataires soient perturbés dans leur quotidien mais ce chantier fait partie de la rénovation énergétique nécessaire des logements ». La ville a l’ambition d’en rénover 3.000 d’ici à la fin du mandat, en 2020.
Le cahier des charges du chantier prévoyait 3 ans de travaux, selon la mairie. De son côté, Logis métropole ne donne aucun délai. Les locataires vont devoir s’armer de patience.