Lille: Quand des stages d’étudiant à l’étranger peuvent virer au cauchemar
POLEMIQUE•Deux étudiants racontent comment ils ont très mal vécu leur stage à l’étranger…Gilles Durand
L'essentiel
- Une étudiante de Lille-3 raconte ses mauvaises conditions d’accueil lors d’un stage au Vietnam.
- Un étudiant de l’Ieseg a perdu 3.000 euros en passant par un intermédiaire pour trouver un pseudo-stage aux Etats-Unis.
Mise à jour le 23 novembre 2017, à 13 h. La société MyInternship Abroad, que nous n’avions pu joindre, nous a contactés pour démentir totalement les propos de l’étudiant.
Mieux vaut se préparer quand on part à l’étranger. Alors que l’université de Lille clôt sa Semaine internationale, 20 Minutes s’est penché sur le cas assez édifiant de deux étudiants qui disent avoir vécu un cauchemar lors de leur stage en Asie et aux Etats-Unis. Au point d’avoir tous deux mis fin à l’expérience plus vite que prévu.
Un prof trop impliqué ?
A Lille-3, le master Relations interculturelles et coopération internationale (Rici) est enseigné au sein du département Langues étrangères appliquées. Dans cette filière, il est possible d’effectuer son stage au Vietnam. Le professeur, originaire de ce pays, est d’ailleurs très (trop) impliqué dans ces stages. Au point d’oublier parfois son rôle. Une étudiante l’a vécu à ses dépens.
Début avril, elle débarque à Hô-Chi-Minh-ville pour un stage, conventionné et payé 300 euros par mois, au sein d’une compagnie qui effectue des croisières en bateau. « A mon arrivée, je me suis aperçu que mon travail ne correspondait absolument pas à mes missions de stage », déplore cette étudiante.
Pire, son hébergement dans une famille d’accueil vire au mal-être. « La famille n’avait pas l’air heureuse de me recevoir. Je n’avais pas le droit de rentrer, ni de sortir à ma guise. Je passais parfois mes soirées seule dans ma chambre dans le noir car je consommais trop d’électricité », raconte-t-elle.
Déshydratée au Vietnam
Au bout d’un mois, elle décide de s’enfuir sans prévenir. « Je ne me sentais pas bien. Le centre médical français m’a diagnostiqué une déshydratation sévère ». Elle finit le séjour pendant cinq jours à l’hôtel avant de rentrer en catimini. Depuis, elle a fait une dépression.
En retour, le prof qui a chapeauté le stage ne trouve rien de mieux que de lui envoyer des messages menaçants, tout en lui donnant des leçons de politesse. « Elle était absente dans les encadrements de stage. J’ai déjà placé 500 étudiants depuis 20 ans, je n’ai jamais eu de problèmes », se défend-il.
Une enseignante qui le connaît livre une autre version. « Un étudiant avait déjà eu des soucis avec lui il y a quelques années. L’an dernier, deux autres étudiantes s’étaient également plaintes de la façon dont ils les traitaient, avant de se rétracter », assure-t-elle.
Aux Etats-Unis aussi, les stages peuvent mal tourner. C’est la mésaventure qu’a connue un étudiant en master marketing à l’Ieseg de Lille, une école privée de commerce où il est de bon ton de faire ses preuves à l’étranger.
Des remarques homophobes
Greg choisit de passer par l’intermédiaire d’une entreprise de placement, My Internship Abroad. « J’ai payé 3.000 euros* et je me suis retrouvé dans une start-up d’un fashion designer où j’ai vite compris que mon stage non rémunéré consisterait à faire le travail d’un employé avec une autre stagiaire néerlandaise », raconte-t-il.
Sa mission : arroser les plantes, vaporiser des vêtements… Il reconnaît qu’il a pu quand même effectuer quelques tâches intéressantes. « Mais l’ambiance était trop mauvaise. Le patron était parfois insultant avec des remarques même homophobes », dénonce-t-il. Résultat, au bout de deux mois, retour en France sans faire valider ce stage. « J’ai préféré partir avant d’en finir aux mains », avoue-t-il.
Contactée par 20 Minutes, l’entreprise a une autre version. « Ce jeune homme nous menace pour se faire rembourser, alors qu’il explique sur le site de l'Ieseg qu’il a passé un très bon séjour à New York et que son stage s’est bien passé. Nous avons beaucoup de témoignages qui le confirment », souligne Yves Perret, président du groupe qui envisage même des poursuites pour diffamation.
* Les frais de placement sont de 1.500 euros.