Béthune: Montrer ses seins, action politique ou exhibition sexuelle ?
JUSTICE•Neuf militantes Femen comparaissaient devant le tribunal de Béthune pour avoir manifesté seins nus à Hénin-Beaumont…M.L. avec AFP
L'essentiel
- Elles avaient manifesté seins nus aux deux tours de la présidentielle.
- Les seins, partie sexuée ou «pancarte» politique ?
- Un mois de prison avec sursis requis.
«Torse-poing » politique ou exhibition sexuelle ? Mercredi, un mois de prison avec sursis a été requis par le parquet de Béthune, dans le Pas-de-Calais, contre neuf militantes Femen qui lors des deux tours de l’élection présidentielle. La décision a été mise en délibéré au 19 octobre.
« L’exhibition sexuelle, c’est imposer à la vue du public une partie sexuelle », a rappelé la procureure lors de son réquisitoire. « Dans la jurisprudence, les seins sont considérés comme une partie sexuée ».
Une question de point de vue
Plus tôt, les six militantes présentes avaient contesté le caractère sexuel de leur poitrine dans le contexte de la manifestation. « Ma poitrine ce soir va peut-être devenir très sexuelle avec ma compagne, mais parce que je l’aurai décidé », a fait valoir l’une d’elles. « On a tous les jours ici des affaires d’agressions sexuelles, quand on caresse un sein : c’est considéré comme une partie sexuée », a noté la présidente. « On ne poursuit pas quelqu’un (de la même manière) si quelqu’un touche une cheville ».
Maître Michaël Ghnassia, l’un des avocats, a répliqué : « Si je vous embrasse sur la bouche c’est une agression sexuelle, si vous montrez votre bouche, non ». Mais la procureure a estimé que la manifestation a « affecté la pudeur d’autrui. Qu’on veuille habiller des seins nus d’un motif politique n’enlève pas le caractère d’infraction » d’exhibition sexuelle.
« Une véritable pancarte »
« Qu’on arrête de faire semblant que c’est choquant, qu’on protège la morale publique ! Ce n’est pas torse nu c’est ''torse poing'', leur corps, leur poitrine, sont recouverts de slogans, deviennent une véritable pancarte », a lancé l’autre avocat des Femen, Maître Valentine Reberioux, réclamant la relaxe.
Me Ghnassia a rappelé lors d’autres procès : « Arrêtons la criminalisation du mouvement des Femen. Ce qu’il faut combattre ce n’est pas les Femen, c’est le sexisme ».