Cinéma: «"Dunkerque" est un film fidèle», témoigne un habitant qui a vécu les évenements
INTERVIEW•C'est un carton dans les salle depuis mercredi: «Dunkerque» relate la bataille éponyme. Le film est-il fidèle? On a interrogé Guy Lecluse, qui se souvient 77 ans plus tard…Julie Goujon
Guy Lecluse venait de fêter ses cinq ans lorsque sa ville a été bombardée par l’aviation allemande, le 18 mai 1940. Alors que le blockbuster de Christopher Nolan Dunkerque sur l’opération Dynamo cartonne dans les salles depuis une semaine, Guy raconte à 20 Minutes les souvenirs qu’il garde de cette période troublée.
Vous avez vu le film Dunkerque, qu’en avez-vous pensé ?
C’est un film fidèle. Dans l’opération Dynamo il y a trois épisodes indissociables. D’abord, l’opération du rembarquement de 338.000 hommes, remarquablement bien reproduite dans le film. Ensuite, le fait que, si les Anglais ont pu rembarquer, c’est grâce à l’aide des troupes françaises qui ont résisté. Enfin, le martyr des Dunkerquois qui ont tout perdu mais qui, en plus, ont été faits prisonniers. C’est ce dernier point qui manque un peu dans le film de Christopher Nolan. Mais ça n’est pas un reproche de ma part, il n’était pas fait pour ça.
Avez-vous gardé des souvenirs de cette époque ?
Maman, mon frère aîné et moi habitions en plein centre de Dunkerque. Le samedi 18 mai 1940, dans la soirée, nous avons entendu les sirènes et avons reçu l’ordre d’aller aux abris. Je revois une bombe qui tombe sur Dunkerque, je ne sais pas où. C’était une bombe incendiaire, ça faisait une torche énorme, un bruit épouvantable et de la poussière. Enormément de poussière. On a ensuite dit à maman que ça n’était plus la peine de rentrer dans la maison, qu’elle venait d’être détruite. Nous avons traversé la plage jusque chez mon grand-père. De là, nous avons quitté la région en voiture. Je ne l’ai su qu’après, mais les troupes allemandes sont arrivées le lendemain.
D’anciens combattants vous ont-ils raconté la bataille de Dunkerque ?
Personne. Aucun des soldats de cette époque ne voulait en parler. Mon père, qui a combattu à Verdun, a été fait prisonnier. Lui non plus n’a jamais voulu en parler à ses petits-enfants. Moi, à l’époque, on m’a dit : « Petit, on ne va pas raconter ça à un enfant. La guerre c’est trop atroce. »