JUSTICE«On nous méprise», déplore une association de victimes de l’amiante

«On nous méprise», déplore le président d'une association de défense de victimes de l’amiante

JUSTICELa décision du parquet de Paris de clore les investigations sur le scandale de l’amiante scandalise une association nordiste de défense des victimes…
Gilles Durand

Gilles Durand

L'essentiel

  • Le parquet de Paris veut clore les dossiers concernant l’amiante.
  • Une association de défense des victimes de l’amiante s’insurge contre cette décision.
  • A Dunkerque, plus de 700 personnes sont reconnues malades de l’amiante

«Enfin un procès pénal de l’amiante ? ». La question était posée il y a trois semaines par le président de l’Association régionale de défense des victimes de l’amiante (Ardeva), Pierre Pluta. Le parquet de Paris vient de lui répondre, ce mercredi, en demandant la fin des investigations dans plusieurs enquêtes pénales.

« Cette demande du parquet est scandaleuse »

Le parquet considère qu’il est impossible de déterminer avec certitude quand les victimes ont été intoxiquées. Une décision qui met en colère Pierre Pluta, contacté par 20 Minutes. « Cette demande du parquet est scandaleuse et indigne de la justice française. Elle méprise les victimes », s’insurge celui qui s’occupe notamment des dossiers des ex-chantiers navals de la Normed à Dunkerque, déposés il y a une vingtaine d’années.

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« Je suis en larmes et sous le choc depuis que j’ai appris cette nouvelle », témoigne une veuve de 64 ans qui a perdu son mari il y a deux mois. Selon Pierre Pluta, 712 personnes qui travaillaient à la Normed ont été reconnues malades de l’amiante et 90 sont décédés.

Pesticides et perturbateurs endocriniens

« Une telle demande aboutira obligatoirement à des non-lieux puisque le lien entre l’amiante et la maladie ne pourra être fait dans son origine, dénonce le député (MRC) Christian Hutin. En réalité on attend tranquillement que ces hommes et ces femmes meurent, qu’ils se découragent, qu’ils abandonnent de guerre lasse, épuisés par la maladie, la souffrance et cet éternel parcours du combattant. »

« On voit ce qui se profile dans cette demande. La chancellerie est déjà occupée à envoyer un signal aux empoisonneurs par pesticides ou perturbateurs endocriniens qu’ils peuvent continuer à empoisonner. Avec notre avocat, Me Eric Dupond-Moretti, nous allons démontrer qu’il existe bel et bien des liens de causalité pour les malades de l’amiante », ajoute Pierre Pluta.

L’association pourra aussi bénéficier du soutien de Paul Christophe, député-maire (DVD) de Zydcoote, près de Dunkerque. Ce dernier estime que « l’interprétation du parquet est lourde de conséquences » et prévoit avec son homologue Christian Hutin de « continuer à défendre les victimes de l’amiante », en déposant bientôt une proposition de loi visant à réviser la loi Fauchon. Cette loi modifie le régime de sanction de la faute considérée comme involontaire.