SOCIÉTÉMigrants à Calais : Au-delà du droit, une question qui agite les politiques

Migrants à Calais : Au-delà du droit, une question qui agite les politiques

SOCIÉTÉEntre Président, maire, préfecture, justice, défenseur des Droits ou encore associations, chacun a son mot à dire sur les exilés de Calais…
Mikaël Libert

Mikaël Libert

Jacques Toubon enfonce le clou. Ce jeudi, le Défenseur des droits a publié une liste de mesures à prendre en urgence au sujet de la situation des migrants présents à Calais. Après lui, le président de la République et le ministre de l’Intérieur se sont aussi exprimés sur le sujet, trois jours avant le rendu d ’une décision du tribunal administratif de Lille au sujet des atteintes aux droits des exilés.

Des rapports à la pelle

Au lendemain d’une audience mouvementée au tribunal administratif de Lille sur la question des droits des migrants de Calais, Jacques Toubon a apporté de l’eau au moulin des associations à l’origine de la requête en référé. Rien de neuf selon le défenseur des droits puisque dans son communiqué, il précise que ses préconisations avaient été remises aux autorités dans un rapport d’octobre 2015 et dans une décision d’avril 2016. La visite de ses services à Calais, le 12 juin, avait par ailleurs conforté le Défenseur des droits dans ses positions ayant constaté des atteintes aux droits « d’une extrême gravité ».

Les points, qu’il demande de mettre en œuvre « instamment », sont au nombre de quatre.

  • Qu’un accès pérenne à l’eau soit rendu possible ainsi que des distributions de repas.
  • La mise à disposition de locaux, à Calais ou à proximité, afin d’installer un accueil de jour et la mise à l’abri des mineurs et des femmes.
  • La mise à disposition d’un lieu où les exilés puissent se reposer, se laver et « envisager la suite de leur parcours migratoire ».
  • La mise en place à Calais d’un guichet pour effectuer les demandes d’asile

L’ensemble de ces demandes ont, entre autres, été reprises par les sept associations dans leur requête en référé contre l’Etat, le département du Pas-de-Calais et la ville de Calais. Le tribunal doit rendre sa décision, lundi. Un délibéré très attendu par les associations de défense des exilés puisque le tribunal possède un pouvoir de contrainte à agir que le Défenseur des droits n’a pas.

Des réactions du gouvernement

De manière plus enrobée que ne l’a fait à l’audience de mercredi la représentante de la préfecture du Pas-de-Calais, le président Macron a mis en avant, jeudi, les dispositifs existants. « Il y a des réponses de court terme, d’orientation, d’accueil, dans les CAO adaptés », a rapporté le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner. Le président a aussi appelé « à la plus grande humanité » et a passé le mot aux préfets « pour plus de souplesse ».

Rien, donc, ne laissait entrevoir une volonté du gouvernement de s’engager sur la création d’un lieu à Calais où les exilés pourraient, notamment, manger ou se laver. Pire, le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, qui doit se rendre à Calais vendredi matin, a martelé que la commune ne doit « plus être un abcès de fixation » a rapporté l’AFP, jeudi.

Une terrible pression politique qui pèse sur les épaules de Cécile Vrignon, la juge des référés du tribunal administratif de Lille qui, dans sa décision de lundi, devra pourtant s’efforcer de ne parler que de droit.