Lille : Les pistes pour éviter la spirale mortelle des règlements de compte
SECURITE•Après le meurtre d’un homme par balles le 28 mai, Lille espère ne pas tomber dans une série de règlements de compte mortels…Olivier Aballain
L'essentiel
- Un homme de 26 ans a été tué par balles dans le quartier de la porte de Valenciennes, à Lille, le 28 mai
- Le secteur est aux prises avec un trafic de stupéfiants de plus en plus présent
«Lille n’est pas Marseille ». La boutade, plusieurs fois avancée par la majorité de Martine Aubry à propos des problèmes d’insécurité dans sa ville, reste d’actualité. Mais le meurtre par balle d’un Lillois, dimanche soir, dans un secteur prisé des trafiquants de drogue, fait craindre le pire à la maire de Lille.
Au lendemain du drame, Martine Aubry a demandé des moyens supplémentaires au gouvernement.
Une police renforcée. A l’été 2013, Marseille comptait environ un policier pour 260 habitants. Avec les renforts obtenus à Lille depuis 2012, selon la municipalité, la circonscription de Lille compte un policier pour 330 habitants (contre un pour 429 habitants en 2008). Prenant le relais des demandes de Martine Aubry, le député François Lamy salue la « lutte implacable » des services de police, mais il les estime « victimes d’un manque d’effectifs qui n’est pas acceptable ». Pour s’aligner sur la moyenne marseillaise, la circonscription de Lille aurait besoin de près de 900 policiers en plus.
Une surveillance de terrain approfondie. L’expérience des policiers marseillais (27 morts par règlements de compte en 2016) mérite d’être interrogée. Contacté par 20 Minutes, le représentant marseillais du syndicat d’officiers de police Synergie indique que les forces de l’ordre s’attachent là-bas à « toujours prévenir le coup d’après ». « Ce qu’il faut éviter, c’est de se retrouver à l’arrière du peloton. Cela passe par du renseignement de terrain, mais aussi par la surveillance des réseaux, des messageries instantanées… Il faut connaître les rivalités entre groupes, entre cités, entre communautés. »
Une vidéosurveillance adaptée ? A Lille, la vidéosurveillance est principalement utilisée autour des bâtiments publics et des transports en commun. La mise en place de caméras dans la rue Jules-Guesde a été considérée comme un « échec » par Martine Aubry. Son opposant Jean-René Lecerf (divers droite) continue à y croire, sous conditions : « Il faut un dispositif de plus grande ampleur, avec un véritable centre de visionnage où l’on soit sûr qu’il y ait du monde. Ce n’est pas le cas aujourd’hui ».
Une réponse judiciaire approfondie. En 2016, la police nordiste a démantelé un tiers de « réseaux majeurs » de trafic de stupéfiants de plus qu’en 2015. Martine Aubry demande la révision « à la hausse » des moyens « d’instruction, de sanction et de suivi » des délinquants. Jean-René Lecerf, plaide aussi en faveur des alternatives à la prison. « Il faut quand agir à tous les niveaux. Le guetteur âgé de 12 ans peut faire l’objet d’un rappel à la loi par le maire. On le convoque avec sa famille, et si c’est efficace dans cinq cas sur dix, c’est déjà ça de gagné », estime-t-il.