POLITIQUEDans la Somme, l'ex-ministre PS Pascale Boistard tente de se faire entendre

«C’est pas plus mal qu’on s’intéresse à la circonscription de GoodYear et Whirlpool», relève Pascale Boistard (PS)

POLITIQUEPascale Boistard, ancienne ministre des gouvernements Valls et Cazeneuve, tente de conserver son siège face à François Ruffin (FI/EELV/PCF) et Franck de Lapersonne (FN) dans une circonscription très médiatisée...
Pascale Boistard, lors des séances de questions au Gouvernement en janvier 2017
Pascale Boistard, lors des séances de questions au Gouvernement en janvier 2017 - Witt/SIPA
Olivier Aballain

Olivier Aballain

L'essentiel

  • L'ancienne secrétaire d'État aux Personnes Âgées Pascale Boistard brigue un 2e mandat dans la 1ère circonscription de la Somme
  • Soutenue par le PS et le PRG, elle aura fort à faire face à ses adversaires LREM, FI et FN

C'est l'une des circonscriptions les plus regardées de France : celle d'Amiens, ville de naissance d'Emmanuel Macron, de la lutte symbolique des salariés de Whirpool et des candidats médiatiques Franck de Lapersonne (FN) et François Ruffin (FI/EELV/PCF) Députée sortante, ancienne secrétaire d'État, Pascale Boistard, 46 ans, aurait tout d’une favorite. Mais sur ce territoire comme ailleurs, aucun résultat n’est garanti, surtout pour les élus en place. Et surtout pour ceux qui assument leur appartenance au Parti socialiste.

Entre le candidat En marche (le maire ex-PS d’Abbeville, Nicolas Dumont) et celui de la France insoumise (François Ruffin), votre espace de campagne n’est-il pas un peu limité ?

Moi, j’ai les idées claires sur ce que je défends. J’ai été très surprise et choquée par la position de Jean-Luc Mélenchon dans l’entre-deux tours de la Présidentielle [le candidat de la France insoumise n’a pas appelé nommément à voter Macron contre le FN]. J’étais à ses côtés le 21 avril 2002 [il était alors secrétaire d’État], date à laquelle il n’avait pas du tout eu la même attitude que celle de 2017. Comme quoi les gens changent. Moi je défends une ligne de gauche responsable mais exigeante, qui protège les plus fragiles.

Cette ligne de gauche, ça veut dire quoi ?

C’est défendre la réduction des inégalités, et mettre fin aux injustices. Par exemple, j’avais demandé plus de contrôles sur l’utilisation du CICE [le crédit d’impôt pour les entreprises], non pas parce que tous les patrons sont des salopards, mais parce que quand vous décidez de redynamiser un secteur économique privé par de l’argent public, il faut avoir des règles. Quand on veut supprimer le compte pénibilité, le compte personnel d’activité que les syndicats demandaient depuis plus de 30 ans, on ne va pas vers plus de social.

Si vous êtes élue, ne soutiendrez-vous pas le gouvernement mis en place par Emmanuel Macron ?

Je ne serai pas dans la majorité présidentielle, c’est sûr. Je ne sais pas dans quelle situation on sera au niveau du parti socialiste, mais je ne voterai pas la suppression partielle de l’ISF, je ne voterai pas un budget qui prévoit la suppression de 120.000 emplois publics.

Avec la présence de François Ruffin (FI), et du comédien Franck de Lapersonne (FN), votre circonscription est très médiatique. Est-ce un problème pour vous ?

C’est vrai qu’il y a un risque de ne pas pouvoir parler du fond. Franck de Lapersonne est un candidat un peu particulier, qui donne ses interviews dans le 6e arrondissement de Paris, ou dans sa suite du Mercure, à Amiens. Mais d’un autre côté, c’est bien que l’on parle de ce territoire. C’est aussi la circonscription de GoodYear, de Whirlpool, ce n’est pas plus mal qu’on s’intéresse au territoire. Il est sujet à une situation extrêmement concurrentielle sur l’emploi. Dans une Europe qui ne fait pas preuve d’harmonisation fiscale ni sociale, les gens ont le sentiment que les dés sont pipés. L’Europe du moins-disant social, c’est un recul pour les citoyens.

Quel est le bilan que vous défendez ?

J’étais la députée des Goodyear [à la fermeture en 2014], j’ai obtenu une commission d’enquête parlementaire sur le sujet, avec des propositions qui sont encore d’actualité. Avant de devenir ministre j’ai aussi obtenu en 2012 l’une des premières zones de sécurité prioritaires pour Amiens-Nord, avec les meilleurs résultats de France en termes de baisse de la délinquance [-37 % en un an]… Et quand je suis entrée au gouvernement, je n’ai jamais déserté mon territoire, parce que je crois en la politique qui s’incarne dans la réalité. Il y a eu des erreurs, sur la déchéance de nationalité, et le choix d’adopter la loi Travail sans consensus social. Mais je n’ai jamais mâché mes mots, et je vais continuer.