IMMOBILIERA Lille, l'encadrement des loyers n'a rien changé (pour l'instant)

Lille: Trois mois après, pourquoi l'encadrement des loyers n'a pas d'effet visible?

IMMOBILIERL’encadrement des loyers a été instauré au 1er février 2017 à Lille…
Appartements à louer à Lille
Appartements à louer à Lille - O. Aballain / 20 Minutes
Olivier Aballain

Olivier Aballain

L'essentiel

  • Depuis le 1er février, les loyers lillois sont encadrés dans une fourchette de 20 % de part et d’autre d’une valeur de référence, fixée par secteur
  • L’effet de cet encadrement est pour l’instant imperceptible

Pour l’instant, les changements sont invisibles… Si même ils existent. A Lille, l’encadrement des loyers, institué le 1er février, n’a en tout cas pas encore modifié le taux de propriétaires hors barème.

Selon une étude menée par le site meilleursagents.com et publiée par le site journaldunet.com, la proportion de loyers dont le montant excède le plafond de référence est resté collée à 25 %. Cette proportion était annoncée à 27 % en 2016, à 25 % au 31 janvier…

Normal, après seulement trois mois ? Possible, mais l’étude rappelle qu’à Paris, ces trois premiers mois d’encadrement avaient fait chuter la part des loyers hors plafond de 46 % à 30 %. Une disparité qui a des causes multiples.

Un découpage plus fin. Cette absence d’effet évident est peut-être liée, au moins partiellement, au fait que le découpage du barème en secteurs plus ou moins chers, appliqué à Lille, s’est avéré plus pertinent et plus adapté au marché qu’à Paris. C’est du moins ce que pressentaient des acteurs du marché immobilier, au lancement de la mesure.

Site internet encadrementdesloyers.gouv.fr
Site internet encadrementdesloyers.gouv.fr - Ministère du Logement (Capture d'écran)

L’étude meilleursagents.com vient confirmer cette impression, en rapportant que la proportion d’annonces dépassant le barème « ne diffère pas significativement d’une zone à l’autre ».

Une période (beaucoup) plus tranquille. Les barèmes s’appliquent à chaque renouvellement de bail (en cas de changement de locataire, par exemple). Or le coup d’envoi de l’encadrement des loyers à Paris avait été donné au 1er août 2015. Calée entre deux années universitaires, c’était la période de renouvellement de bail la plus chargée de l’année pour les petites surfaces. De nombreux propriétaires ont donc dû se mettre en conformité tout de suite.

A Lille, c’est très différent. Lancé au 1er février à Lille, l’encadrement est tombé dans une période de creux relatif sur les petites surfaces visées par les étudiants. Or le coup de rabot sur les loyers vise « essentiellement » ces petites surfaces, rappelait Audrey Linkenheld, l’élue (PS) lilloise au Logement, en décembre. L’application de l’encadrement devrait donc se répartir sur une période plus étendue.

Un marché déjà équilibré ? Le rattrapage observé dans les années 2000 à Lille appartient à l’histoire ancienne. De 2013 à 2017, la hausse moyenne annuelle mesurée à Lille par l’observatoire « Clameur » est de +0,2 %.

Chez Descampiaux-Dudicourt, un groupe d’agences qui accompagne environ 2.000 mises en location par an à Lille, on constate bien que certains propriétaires « préfèrent désormais baisser leur loyer de 50 euros pour être certains de louer, plutôt que de rester avec un logement vide pendant plusieurs mois ». Explication : les nouveaux rythmes universitaires provoquent désormais des sorties de logement toute l’année.

L’encadrement tomberait donc à plat, dans un marché auto-régulé ? Emmanuel Chambat, associé-directeur général de Descampiaux-Dudicourt, redoute l’effet inverse. « La mesure d’encadrement introduit une rigidité, et une incertitude sur le barème des années à venir, qui n’est pas bonne pour les investisseurs ».

Contactée, l’élue lilloise Audrey Linkenheld n’a pas donné suite.