La Voix du Nord évoque son quotidien «sidérant» avec le FN à Hénin-Beaumont
MÉDIAS•Gabriel D'Harcourt, directeur de la publication de la «Voix du Nord», évoque l'expérience de son journal avec la municipalité FN d'Hénin-Beaumont...Olivier Aballain
Cette fois il n’y aura pas de mise en garde contre le FN à la « une » de la Voix du Nord, comme aux régionales de 2015. Mais le patron du quotidien* ne reste pas muet dans l’entre-deux tours de la Présidentielle. Sur le réseau social Twitter, puis dans TéléObs, Gabriel d’Harcourt évoque à nouveau le « harcèlement » vécu par ses équipes à Hénin-Beaumont.
Le directeur de la publication a fait les comptes : il estime avoir reçu, depuis un an et demi, 35 «droits de réponse » de la part du maire frontiste Steeve Briois. « Dès qu’on évoque le maire ou la mairie [d’Hénin-Beaumont], même en termes neutres, ça atteint des proportions inimaginables », soupire Gabriel D’Harcourt.
Interdits d’assister aux réunions publiques
Courant mars, l’émission Complément d’enquête avait déjà montré les conditions inédites dans lesquelles les journalistes de la Voix du Nord devaient faire leur métier. Depuis la victoire du FN aux municipales de 2014, le chef du bureau héninois, Pascal Wallart, doit suivre les conseils municipaux parmi le public… quand il n’est pas publiquement mis en cause par le maire ou l’un de ses adjoints.
Complément d’enquête. Hénin-Beaumont : quand les élus FN se déchaînent contre "La Voix du Nord"
Par ailleurs la Voix du Nord n’est plus autorisée à assister aux réunions publiques (à moins de venir incognito). Dans L’Express Pascal Wallart rapportait aussi, en mars, ne pouvoir joindre aucun élu ni chef de service pour mener ses enquêtes.
« Du jamais vu » pour le patron de la Voix du Nord
Bruno Bilde, adjoint de Steeve Briois, a notamment déclaré en conseil municipal que la ville n’était à son avis « pas traitée, dans ce journal, comme les autres villes », ce qui expliquerait l’attitude de la municipalité.
Gabriel D’Harcourt, qui se défend de diriger un journal « anti-FN », assure en tout cas que « dans l’exercice du métier de journaliste, c’est du jamais vu ». « On est face à un bloc, un système qui entrave l’activité journalistique chaque jour. »
Les mises en cause publiques de journalistes ne sont d’ailleurs pas réservées au groupe la Voix du Nord : en février, un message injurieux avait ainsi été publié sur Twitter par Streve Briois, à l’encontre d’un correspondant de l’agence AFP. Une agence dont la plupart des « pseudo-journalistes » sont aussi, selon lui, « des militants ».
*La Voix du Nord partage avec 20 Minutes un même co-actionnaire, le groupe Rossel.