Attentat déjoué: Comment Clément Baur a pu être incarcéré sous un faux nom
JUSTICE•L’un des deux hommes interpellés à Marseille, soupçonnés de préparer un attentat « imminent », avait été incarcéré sous un faux nom à Lille en 2015…Olivier Aballain
Clément Baur a été écroué incognito. Le site internet de La Voix du Nord révèle, ce mercredi, que l’un des deux hommes arrêtés à Marseille, soupçonnés de préparer un attentat « imminent », avait réussi à se faire incarcérer sous une fausse identité à Lille-Sequedin. Il y purgeait pourtant une peine pour « usurpation d’identité ».
Alors âgé de 21 ans, Clément Baur a passé près de trois mois dans ce centre pénitentiaire nordiste, de janvier à avril 2015. C’est là, d’après les premiers éléments communiqués par la justice, qu’il a fait connaissance avec son complice présumé, Mahiedine Merabet.
Or la Voix du Nord indique que la prison n’a conservé, en face du numéro d’écrou 28.320, que le pseudo donné par Clément Baur à son arrivée : « Ismaïl Djabraïlov ». A aucun moment son identité réelle n’apparaît sur les fichiers de la prison.
« L’essentiel, c’est qu’il ait été emprisonné »
Selon le directeur des services pénitentiaires, cité par le quotidien, c’était au parquet de vérifier l’identité du condamné. Une avocate lilloise confirme, et précise que cette vérification se fait « presque systématiquement ». Cependant Clément Baur, alias « Ismaïl Djabraïlov », prétendait à l’époque être né en Russie. Et c’est ça qui a tout compliqué.
Contacté par 20 Minutes, le ministère de la Justice indique bien qu’il n’est « pas rare, en droit des étrangers, d’incarcérer des personnes avant d’avoir pu vérifier leur identité réelle ». Pour cette source, « l’essentiel, c’est qu’il ait été emprisonné pour ce qu’il a fait. On l’inscrit sous le nom “Untel, alias Untel”, en attendant d’en savoir plus ». Combien de temps pour vérifier, dans le cas de Clément Baur ? Le ministère répond que « des investigations sont encore en cours ».
Deux fichiers couramment consultés
Selon notre avocate lilloise, spécialiste du droit des étrangers, dans les cas courants « la vérification d’identité ne prend pas plus de quelques minutes ». Pour ce faire, la justice compare d’abord, pour un étranger, l’empreinte digitale de l’inconnu avec celles enregistrées dans le « Visabio », qui recense les demandes de visas biométriques effectuées par des ressortissants étrangers pour venir en France. Ça ne pouvait pas marcher : Clément Baur se prétendait Russe, mais il n’a probablement jamais formulé de demande de visa pour rester en France (il est né dans le Val-d’Oise).
Autre piste : le fichier des personnes recherchées (FPR), qui garde la trace des personnes condamnées. Celle-là n’a pu fonctionner que si Clément Baur a bien été condamné pour d’autres faits, avant janvier 2015. C’est là qu’un retard a pu se produire, mais le ministère ne donne pas d’éléments sur ce point, considérant que « cela fait partie de l’enquête en cours ».