Le président de la métropole de Lille mis en examen pour «corruption»

Le président de la métropole de Lille mis en examen pour «corruption»

POLITIQUELe président de la Métropole européenne de Lille (MEL) est soupçonné de « favoritisme » et de « corruption » dans l’attribution du chantier du stade Pierre-Mauroy…
Olivier Aballain

Olivier Aballain

«Corruption » et « favoritisme ». Damien Castelain, le président (divers-droite) de la métropole européenne de Lille, est ressorti du palais de justice de Lille dans un costume de justiciable, ce mercredi après-midi.

Au terme de deux jours complets de garde à vue, l’élu est mis en examen dans l’enquête sur l’attribution à Eiffage du chantier du stade Pierre-Mauroy.

Trois autres personnes sont mises en examen

L’affaire est partie d’une plainte d’un ancien élu de Lambersart, Éric Darques, qui visait les conditions dans lesquelles le choix a été effectué en 2008, alors que le projet d’Eiffage, plus complexe, coûtait 56 millions d’euros de plus (selon les chiffres fournis par la MEL) que le concurrent Bouygues.

Trois autres personnes sont également mises en examen : Henri Ségard, ancien maire de Comines et ancien patron du groupe des communes rurales (MPC), qui a appuyé de tout son poids le choix d’Eiffage ; Jean-Luc Vergin, directeur régional d’Eiffage, pointé comme un donneur d’ordres par son ancien subordonné Éric Roquet ; Alain Létard, mari de la sénatrice du nord Valérie Létard, ancien cadre d’Eiffage et ami personnel de Damien Castelain.

Toutes ces personnalités sont soupçonnées d’avoir favorisé le dossier Eiffage, au besoin en offrant des cadeaux ou en en recevant. Outre le paiement d’une caution de 30.000 euros, Damien Castelain a d’ailleurs obligation de ne pas rencontrer les salariés d’Eiffage cités dans le dossier. « Ça ne change rien, il n’a aucune raison de les rencontrer », réagit Me Florence Rault, son avocate.

Quel conséquences pour la métropole ?

Pour Damien Castelain, en particulier, l’interrogatoire a porté notamment sur une terrasse qu’il a fait réaliser en pierres bleues du Hainaut, à son domicile de Péronne-en-Mélantois, la ville dont il est le maire. Me Florence Rault, assure qu’il a « apporté les factures qui prouvent qu’il a bien payé les matériaux, et les travaux », tandis qu’un témoin, Éric Roquet, affirmait que le chantier avait été réglé indirectement par Eiffage.

Le président de la Métropole européenne de Lille a également été interrogé sur un voyage au Grand prix de Budapest, offert sur les fonds d’Eiffage. « Cela s’est fait dans le cadre de relations amicales, certifie Me Rault, mais peut-on encore avoir des amis ? ».

Compter ses amis, c’est ce que Damien Castelain va maintenant faire auprès de ses collègues élus. Confirmé dans ses fonctions de président de la MEL en décembre, avec 97,8 % des voix, Damien Castelain va devoir convaincre à nouveau. Le groupe des élus de droite à la métropole, MCU, se réunit ce soir-même pour adopter une « position unique ».

Les choses pourraient encore se compliquer avec les prochains développement de l’enquete puisque, selon nos informations, le juge Jean-Michel Gentil a confié avoir encore « de nombreuses auditions » à réaliser.