Evasion spectaculaire: Redoine Faïd muet sur les complices aux assises du Nord
JUSTICE•Aux assises du Nord, la deuxième journée du procès de Redoine Faïd et de ses quatre complices présumés s’est intéressée à la préparation de l’évasion d’avril 2013…Olivier Aballain
Redoine Faïd raconte très bien, trop bien, les circonstances de son évasion à l’explosif, le 13 avril 2013 à la prison de Sequedin. Mais il devient muet quand la cour d’assises du Nord, où il est jugé jusqu’au 15 mars, l’interroge sur les complicités qui lui ont permis de disposer d’armes et de pains d’explosifs. Suivez la troisième journée de débats ici.
« Ce sont des gens qui m’ont rendu service », indique seulement le prévenu. La présidente, l’avocat général et les représentants des parties civiles doivent donc s’en tenir aux déductions des enquêteurs, qui ont amené quatre personnes (et un mineur, poursuivi à part) sur le banc des accusés avec Redoine Faïd.
Une improvisation qui ne cadre pas avec les habitudes du prévenu
Le sac providentiel rempli d’explosifs, d’armes et de détonateurs ? Un détenu les a « proposés » à Redoine Faïd trois semaines avant son évasion. Mais lui conteste avoir donné l’ordre de le faire passer en prison. Saisissant « l’opportunité », l’intéressé aurait finalement récupéré le matériel « deux à trois jours » avant l’évasion.
Pour l’avocat général, l’improvisation ne cadre pas avec les habitudes de ce spécialiste du braquage, capable de planquer pendant des jours pour préparer un coup. « Comment vous saviez quelle quantité d’explosif utiliser, quelle quantité il y avait dans le sac ? » Redoine Faïd avait seulement « estimé » le poids des pains d’explosif par la description de leur taille, avant même de les récupérer.
Quelles complicités internes ?
Impossible de savoir quel rôle ont pu jouer les frères Yahiaoui, dont le plus jeune, Abd El Nour (27 ans) était incarcéré en même temps que Redoine Faïd. Et surtout, question cruciale posée par Me Winter, avocat d’un surveillant pris en otage : « Y a-t-il eu complicité interne à la maison d’arrêt ? Si c’est le cas, c’est presque plus grave que ce qui vous est reproché. »
Un surveillant, « mis en cause gravement » par l’enquête de la police judiciaire, n’a finalement pas été renvoyé aux assises car les témoignages ne s’accordaient pas sur son nom. L’un des cinq prévenus craquera-t-il d’ici la semaine prochaine ? Demain mercredi, la cour auditionnera les surveillants victimes de la prise d’otage.