Hauts-de-France: Le conseil régional compense le déficit commercial laissé par l'UEFA
COMMERCE•Le conseil régional a voté une aide en faveur des commerçants installés sur le parvis du stade Pierre-Mauroy, à Villeneuve d'Ascq...Olivier Aballain
Le football, ce n’est pas donné. Le conseil régional des Hauts-de-France a décidé, lundi, d’octroyer une aide aux commerçants installés sur le parvis du stade Pierre-Mauroy. Car contrairement à ce qui avait été annoncé, les professionnels ont, si l’on en croit la délibération, subi une « baisse de chiffre d’affaires » pendant le championnat d’Europe de football, en juin.
Les commerçants qui souhaitaient profiter de l’événement en ouvrant leur kiosque les jours de matchs (il y en a eu six), avaient pourtant dû s’acquitter d’une redevance de 600 à 700 euros par match, auprès de l’UEFA.
Alors, à la demande d’une élue villeneuvoise, Florence Bariseau (LR), le conseil régional a décidé de prendre en charge la moitié de cette redevance, afin de contrebalancer les « contraintes » imposées aux exploitants.
L’UEFA et ses caisses « pleines à craquer »
La facture reste modeste : pour l’instant, un seul commerçant, Tony Junot, qui tient une friterie, bénéficiera d’une aide de 2.100 euros. Mais selon nos informations, un deuxième commerce s’est signalé, pour un montant similaire.
L’aide est modeste, mais son principe a fait réagir l’opposition FN au conseil régional, qui vise les caisses « pleines à craquer » de l’UEFA (l’organisme a réalisé un bénéfice de 830 millions d’euros sur la compétition). « Nous ne voyons pas pourquoi cela devrait être la Région, et donc les impôts des contribuables, qui devraient supporter financièrement ce retour de situation », a indiqué Mélanie Disdier.
Mais le président Xavier Bertrand veut « du concret » au lieu de s’en tenir à « de belles paroles ». Florence Bariseau fait valoir qu’elle entend remédier à une « injustice » créée par les règles internes à l’UEFA.
Baisse de 66 % du chiffre sur un mois
Contactée par 20 Minutes, la gérante d’un bar situé le parvis du stade explique effectivement que « le chiffre était bon pendant les matchs », mais qu’entre les rencontres « les clients ne venaient pas, à cause de tout ce qui avait été installé par l’UEFA ».
Un jour plein, suivi de trois jours vides : la perte de chiffre d’affaires était mécanique. Pour la friterie bénéficiaire de l’aide régionale, la baisse annoncée est de 66 %, sur un mois. La dégringolade contraste avec l’excellent bilan économique du secteur de l’hôtellerie-restauration à Lille.
Le maire de Villeneuve d’Ascq, Gérard Caudron, déjà rendu furax par les exigences de l’UEFA en juin, évoque quant à lui la « tromperie sur la marchandise » dont sont victimes, selon lui «depuis le début », les commerçants qui ont choisi de s’installer là.
« Les revenus espérés, et promis, ne sont pas au rendez-vous ». Gérard Caudron pointe donc du doigt le consortium Elisa, la filiale du groupe Eiffage en charge de la commercialisation du stade.
La société aurait d’ailleurs, selon l’élu, consenti un rabais d’un mois de loyer pour aider les commerçants lésés. Selon nos calculs, l’effort financier est comparable à celui consenti par la région. Contactée, la société Elisa n’a pas donné suite à nos interrogations.