ENVIRONNEMENTPourquoi un poisson tropical a-t-il été pêché en mer du Nord?

Pourquoi un poisson tropical a-t-il été pêché en mer du Nord?

ENVIRONNEMENTPrès de la Norvège, des pêcheurs ont attrapé une espèce de poisson qui évolue habituellement dans l’océan Indien…
Mikaël Libert

Mikaël Libert

Qui a dit que la mer du Nord était froide ? La prise d’un poisson tropical par l’équipage d’un chalutier au large de la Norvège a fait l’objet d’une étude réalisée par des chercheurs de l’Ifremer à Boulogne-sur-Mer et dont les résultats ont été publiés, mi-février.

Une prise de choix

C’est au cours d’une sortie en mer, en juin 2015, que des pêcheurs ont remonté dans leurs filets un poisson pas commun pour nos latitudes : une Dirette de Parin, ou Diretmichthys parini. En effet, en mer du Nord, les professionnels sont davantage habitués à capturer du maquereau ou de la morue. Du coup, les marins ont précieusement gardé la bête pour la remettre au laboratoire des ressources halieutiques du centre Ifremer Mer du Nord.

Les chercheurs ont donc étudié la Dirette de Parin, une espèce observée jusqu’ici essentiellement dans l’océan Indien et Pacifique à deslatitudes tropicales. « Il s’agit du premier signalement en mer du Nord de ce poisson d’eaux profondes de la famille des Diretmidae », explique l’Ifremer.

Un poisson trentenaire

Les scientifiques ont ainsi pu déterminer qu’il s’agissait d’une femelle âgée, tout de même, de 33 ans et que son régime alimentaire était à base de plancton. Cette dernière information et une « faible présence de mercure dans le muscle et le foie » a amené les chercheurs à conclure que ce poisson « occupe une position basse dans la chaîne alimentaire ».

En revanche la présence de la Dirette de Parin en mer du Nord laisse une plus grande place aux spéculations. L’Ifremer avance la thèse d’une phase d’expansion de l’espèce vers le Nord tout en restant prudent puisqu’un seul spécimen a été capturé : « Le changement climatique impacte les aires de distribution des espèces marines. Une telle expansion pourrait aussi être induite par les courants », déclare Pierre Cresson, chercheur au centre Ifremer.

Après avoir été disséquée avec soin, la Dirette de Parin a été naturalisée. Elle a rejoint la collection du Museum national d’histoire naturelle de Paris.