Nord: L'art du recyclage de Michel Nedjar exposé au LaM de Villeneuve-d'Ascq
CULTURE•Le musée d’art moderne de Villeneuve-d’Ascq présente sa nouvelle exposition consacrée à Michel Nedjar jusqu’au 4 juin…G.D. avec AFP
Des œuvres dont le recyclage est le principe premier. Une vaste rétrospective de Michel Nedjar, figure pluridisciplinaire de l’art brut, est présentée à partir de ce vendredi au LaM de Villeneuve d’Ascq, près de Lille.
Un des fondateurs de l’Aracine
Né en 1947, Michel Nedjar est l’un des membres fondateurs en 1982 de l’Aracine, une grande collection d’art brut. Ce courant né après la guerre, théorisé par Jean Dubuffet, regroupe des artistes autodidactes et des malades mentaux, dont le point commun est d’exercer leur créativité hors des référents culturels.
L’Aracine fera don de ses œuvres au musée d’art moderne Lille Métropole en 1999, devenant haut lieu de l’art brut en France.
Jusqu’au 4 juin, l’exposition Introspective propose un parcours chronologique parmi quelque 350 œuvres de Michel Nedjar : dessins, tableaux, sculptures, films expérimentaux, poupées…
Obsession des poupées
Influencé par sa grand-mère qui tenait un stand au marché aux puces, l’artiste se base sur des matériaux recyclés et des techniques mixtes. « Recycler les matières du quotidien, c’est pour lui être porteur d’humanité, de son humanité », souligne Jean-Michel Bouhours, l’un des deux commissaires d’exposition, ancien conservateur au Centre Pompidou à Paris.
Les poupées sont au cœur de son travail. L’obsession des poupées, quant à elle, lui vient de son enfance. Il lui paraissait injuste que seules ses sœurs puissent manier ces « idoles ». « J’ai commencé à en enterrer, et après plusieurs mois, les moisissures, les noircissures, le travail du temps sur les poupées me fascinaient », dit Michel Nedjar.
Sur un mur sont présentées une dizaine de « Chairdâmes », série d’imposantes poupées de bric et de broc, dont les sillons creusés dans une matière informe laissent imaginer d’horribles rictus de souffrance et des orbites oculaires de fantôme.
Films expérimentaux assez hermétiques
« En 1978, j’étais tombé dans une très grande mélancolie. On me disait “Va te faire soigner”, mais moi j’ai préféré créer, ce sont les poupées qui m’ont sauvé », confie Michel Nedjar à l’AFP.
D’autres séries de poupées offrent une vue plus joyeuse de la vie intérieure de l’artiste, comme les 173 « Poupées de voyage », aux couleurs bariolées et aux matériaux ramassés sur les trottoirs du monde entier, comme un hymne au cosmopolitisme.
L’exposition fait également découvrir les aspects moins connus de son œuvre, comme ses films expérimentaux, assez hermétiques pour un œil néophyte. Ou ses tableaux, dans lesquels le relief tient une place importante.