SCIENCESPour la science, cet étudiant va traverser la Manche à la nage

Pas de Calais: Un étudiant lyonnais veut traverser la Manche en 10 heures

SCIENCESPierre-Julian Pourantru, 22 ans, va tenter une traversée de la Manche en juillet, dans le cadre d'un projet scientifique...
Olivier Aballain

Olivier Aballain

Dans l’eau, Pierre-Julian Pourantru se transforme en cobaye humain. Cet étudiant de l’Insa Lyon s’est lancé dans un projet hors-norme : il se prépare à traverser la Manche à la nage en juillet, équipé d’un simple maillot de bain et de quelques capteurs.

Environ 300 personnes tentent chaque année la traversée, sur un parcours de 45 km environ. Les nageurs sont épaulés par une association anglaise, le «Channel Swimming Association », qui délivre des conseils et un service d’accompagnement, notamment à vis à vis des autorités qui gèrent la circulation dans le détroit.

Mais cet exploit essentiellement sportif, Pierre-Julian Pourantru veut le rendre scientifique.

Suivi dans un laboratoire universitaire

Le projet, mené en lien avec l’université de Lyon, a déjà récolté 10.000 euros de financements auprès de divers partenaires, et 1.500 euros auprès des particuliers. L’un des partenaires, l’entreprise Bodycap, fournit un capteur de température interne… à avaler. « On le prend comme un cachet, et ça enregistre la température corporelle en permanence », détaille Pierre-Julian Pourantru.

Rythme cardiaque, pression artérielle, fréquence de nage, etc. : les paramètres seront analysés par Rémi Poupelloz, étudiant en master-1 recherche. C’est lui qui suit scientifiquement le projet, au sein du laboratoire interuniversitaire de biologie de la motricité (LIBM).

La tentative de traversée permettra, selon Pierre-Julian Pourantru, de « mieux comprendre l’adaptation du corps au froid », et la gestion de la fatigue. « Le suivi physiologique lors d’une épreuve d’ultraendurance a été fait en course à pied, mais très rarement en natation », observe d’ailleurs Rémi Poupelloz, qui n’a retrouvé qu’une seule étude sur le sujet.

Dix à douze heures de traversée

La phase d’entraînement, commencée en septembre (sur la base de 20 heures par semaine, quand même !), a d’ailleurs déjà livré quelques enseignements, notamment sur la thermorégulation du corps. « On s’est rendu compte qu’en augmentant la fréquence des mouvements de nage, de 40 à 60 par minutes, la température corporelle se maintenait nettement mieux, sans fatiguer significativement plus », précise Rémi Poupelloz.

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Sous réserve de conditions météorologiques favorables, Pierre-Julian Pourantru pense pouvoir traverser le détroit en « dix à douze heures ». L’étudiant, qui bénéficie d’un emploi du temps aménagé à l’Insa, ne part pas dans l’inconnu : il s’est classé 10e du championnat Elite France de nage en eau libre en 2016.

Le record de la traversée a été établi en septembre 2012 par un nageur Australien, Trent Grimsey, en 6h55. Le meilleur français est Gilles Rondy (7h54 en septembre 2004), est lui-même un ancien élève de l’Insa (Toulouse).