COMMERCEAuchan va mettre un non-Mulliez aux manettes

Révolution de palais chez Auchan: Bientôt un non-Mulliez aux manettes

COMMERCELa holding du groupe nordiste de distribution Auchan aura bientôt à sa tête un homme qui n'est pas issu de la famille Mulliez...
Olivier Aballain

Olivier Aballain

Sur le papier, ce n’est qu’un changement de dirigeant : La holding du groupe Auchan a annoncé ce jeudi le départ de son patron Vianney Mulliez, 53 ans, qui dirigeait depuis 2006 le groupe nordiste de grande distribution.

« C’est une révolution culturelle », pour Guy Laplatine, élu CFDT au comité central d’entreprise. Car le patronyme du successeur, Régis Degelcke, constitue une information en soi : le groupe, qui emploie plus de 330.000 salariés dans le monde, ne sera donc pas dirigé par un membre de la famille Mulliez. Un seul précédent existe dans les instances du groupe, avec Christophe Dubrulle, président du directoire jusqu’en 2010.

Régis Degelcke, 56 ans, était directeur général délégué chez Adeo, maison-mère de Leroy-Merlin, l’une des entités du groupe Auchan. Diplômé de l’ESC Lille (devenue Skema), il a fait toute sa carrière chez Adéo, depuis 1983. Il doit être nommé lors du conseil d’administration de la holding Auchan, le 8 mars.

Pour les partenaires sociaux c’est une surprise

Si l’on en croit le langage très choisi du communiqué publié par la holding, c’est Vianney Mulliez qui a lui-même souhaité passer la main, en remettant son mandat « à la disposition du conseil d’administration ».

Au crédit de ses onze ans de présidence, le groupe cite le succès rencontré dans le développement international de l’enseigne, « notamment en Russie et en Chine ». La direction de la holding met aussi en avant la nouvelle stratégie d’entreprise élaborée avec succès par Vianney Mulliez, « et qui avait peut-être besoin d’être vivifiée avec du sang neuf ».

Un succès qui explique d’ailleurs la surprise des partenaires sociaux devant l’annonce de ce départ. « Le groupe gagnait encore beaucoup d’argent [un milliard d’euros de résultat brut d’exploitation au premier semestre 2016] », souligne Pascal Saeyvoet, délégué syndical central FO, qui s’étonne de n’avoir « absolument pas » été mis au courant du départ du dirigeant.

Rupture ou pas rupture ?

D’après le représentant FO, Vianney Mulliez a pu payer les résultats médiocres de la filiale de supermarchés Auchan France, ainsi que le coup d’arrêt donné en juillet au rapprochement tenté avec les Magasins U, et la mauvaise publicité apportée « par les polémiques Auchan City à Tourcoing, et sur le travail de nuit, en Provence ».

A la CFDT, Guy Laplatine estime que le groupe Auchan, « avec sa structure familiale », n’a « peut-être pas eu la réactivité nécessaire pour s’adapter à la guerre des prix » qui sévissait parmi les hypers en France.

Mais pour le représentant de la CFDT, qui a trente ans de maison, c’est aussi « un changement de paradigme » qui s’opère dans le groupe. « Les membres de la famille Mulliez sont de moins en moins directement impliqués, ceux que l’on voit sont des spécialistes du retail [commerce, en anglais], qui accompagnent la mondialisation de l’enseigne. »

Contacté par 20 Minutes, un porte parole de la holding Auchan l’assure : « Régis Degelcke a un autre parcours que Vianney Mulliez, mais ce n’est pas une rupture. Pour lui aussi l’entreprise c’est l’humain, l’humain, l’humain ».