VIDEO. Punition mortelle: Au bord du canal, les voisins ignoraient tout
FAITS DIVERS•Les voisins du cabanon près duquel Yanis, 5 ans, a succombé à une punition pour un pipi au lit, ne savaient que peu de choses de l'homme qui vivait là...Olivier Aballain, avec Mikaël Libert (vidéo)
Les chiens de Virginie* « hurlaient au loup » cette nuit-là, mais elle n’a découvert la cause que le lendemain. Dans le hameau de Pecqueur, à Aire-sur-la-Lys, le calvaire subi par Yanis, 5 ans, dans la nuit du 5 au 6 février, a plongé les habitants dans la stupeur.
Car peu d’entre eux savaient qu’un petit garçon passait parfois ses nuits dans la cabane montée en bord de canal, par le compagnon de sa mère. C’est à 200 mètres de là qu’il est mort, des suites d’un traumatisme crânien, après une punition pour un pipi au lit, selon les premiers éléments de l’enquête.
Le beau-père s’est installé discrètement
L’endroit est coincé entre la Lys et les propriétés qui bordent la route de Merville. C’est une bande terreuse, ombragée, de dix mètres de large. Le beau-père s’est installé là discrètement au printemps dernier, après avoir acheté la parcelle à un homme aujourd’hui décédé, selon les voisins.
« Il paraît qu’il faisait construire », confie un parent d’élève de l’école maternelle de Yanis. Tout est relatif. Un cabanon couvert d’une bâche avait effectivement fait son apparition, « cet été », selon une voisine dont la propriété jouxte l’endroit.
aMais au début, ce sont surtout les chiens que les voisins ont remarqué. Quatre ou cinq grands bergers malinois, dont les aboiements ne passaient pas inaperçus. Ils étaient même du genre à décourager les promeneurs.
« Ses chiens le suivaient la queue entre les jambes »
De ce fait, les rencontres étaient rares. La mère de Yanis est parfois vue avec son compagnon, mais l’enfant, beaucoup plus rarement. « On ne se doutait pas qu’il dormait là », répète un autre voisin. Lui ne discutait pas non plus avec le beau-père puisqu’il ne « disait jamais bonjour ».
« C’est terrible, on ne veut pas être gêné par ses voisins… Et ça finit qu’on ne s’intéresse plus aux autres », se désole une riveraine qui, elle non plus, n’avait « rien remarqué ». Virginie*, elle, croisait le beau-père. Leur connaissance des chiens a favorisé les contacts. Mais elle gardait ses distances : « Ses chiens le suivaient la queue entre les jambes. C’est pas bon signe, je crois qu’il était très strict avec eux… ».
Ce mardi, il restait encore un berger malinois, parqué dans le terrain fermé sous scellés par les gendarmes. Et ses aboiements découragent toujours les curieux.
*Prénom d’emprunt