Nord: Ces entreprises qui se battent pour... recruter
EMPLOI•« 20 Minutes » fait le point sur les méthodes utilisées par les entreprises nordistes qui peinent à recruter…Olivier Aballain
Quand beaucoup cherchent un emploi, eux cherchent des employés. Révélées par la Voix du Nord, les difficultés vécues par la Ferme de la Gontière, à Comines, pour embaucher, mettent un coup de projecteur sur ces secteurs d’activité en manque de salariés. Heureusement, des solutions existent.
Tactique n°1 : Multiplier les pistes. Depuis 4 ans, la Ferme de la Gontière ( n°2 français du champignon, 300 salariés), voit son chiffre d’affaires progresser de 15 % par an. Mais elle ne parvient pas à recruter les trente cueilleurs et cueilleuses qui lui permettraient de suivre la demande. « Certaines entreprises, qui embauchent beaucoup, finissent par épuiser le nombre de travailleurs disponibles localement », résume Isabelle Parmentier, chez Pôle Emploi.
Pour compenser, La Gontière fait venir ponctuellement des travailleurs étrangers, notamment des Polonais. Cependant, Grégoire Motte fait feu de tout bois pour recruter localement… et durablement. L’entreprise participe activement au forum local Com’inJob organisé avec Pôle Emploi en février, elle est prête à aménager les horaires en reculant l’heure de la prise de poste, le matin, de 5h00 à 8h00, pour séduire les mères de famille… « On va continuer à chercher, pour nous c’est une question vitale », conclut Grégoire Motte.
Tactique n°2 : Former soi-même. Les Roubaisiens d’OVH sont des recruteurs en série. L’entreprise, qui compte aujourd’hui 800 salariés dans les Hauts-de-France (1.500 au total dans le monde), cherche encore 200 techniciens en 2017.
En concevant son nouveau « campus » de 9.000 m², OVH s’est donné les moyens de ses ambitions. Deux fois par mois, 15 à 20 nouveaux collaborateurs participent d’ailleurs à un « séminaire d’intégration » sur place.
Chez Pôle Emploi, Frédéric Michiels, chef de projet Entreprises, recommande aussi l’ouverture du recrutement à de « nouveaux profils » dans les secteurs « en tension », comme les nouvelles technologies. « Il faut aller chercher en dehors des grandes écoles, en visant les gens curieux, motivés, passionnés, auquel on peut assurer 400 à 600 heures de formation sur leur futur métier ».
Tactique n°3 : Se déplacer. Speechi, concepteur de tableaux interactifs, a toujours du mal à recruter des profils très spécifiques. Mais son patron, Thierry Klein, a déjà résolu une crise similaire par le passé. Confronté à la difficulté d’attirer des spécialistes de nouvelles technologies sur un site semi-rural (Bachy, à 25 km de Lille), il a tout simplement… déménagé sa boîte. « En nous relocalisant dans le Vieux-Lille, nous avons eu plus de facilité à attirer les profils qui nous intéressaient ».
OVH a fait de même en France : plutôt que de galérer pour attirer des talents toulousains, lyonnais, ou parisiens, l’entreprise a ouvert des bureaux à Toulouse, Lyon, Paris, mais aussi Brest, et Rennes. « Ce qui ne nous empêche pas d’entendre quelques accents du sud-ouest dans nos bureaux roubaisiens », assure une porte-parole de la direction. Et une fois arrivés, ils ne partent plus.