Lille : «Les métiers de la fonction publique d’État sont méconnus dans les quartiers»
INTERVIEW•Inspecteur des finances publiques, Brahim El Wahdani coache aussi les jeunes des quartiers en vue de préparer des concours de la fonction publique d’État…Mikaël Libert
Un exemple à suivre. A 35 ans, Brahim El Wahdani a déjà un CV bien rempli. Inspecteur des finances publiques détaché auprès de la Cour des comptes, il est aussi enseignant à l’Institut régional d’administration (IRA) de Lille. Ce natif du quartier populaire de Faubourg-de-Béthune, à Lille, n’a pas oublié d’où il vient. A tel point qu’au sein du centre social de la maison de quartier, il a mis en place la « Prépa solidaire », une action pour sensibiliser et accompagner les jeunes vers la fonction publique d’Etat. Interview.
La « Prépa solidaire », c’est quoi au juste ?
C’est une action qui vise à faire connaître aux jeunes des quartiers prioritaires les perspectives de carrière dans la fonction publique d’Etat. Ceux qui se montrent intéressés assistent ensuite chaque samedi à une séance de coaching et de méthode pour préparer leur concours ou leurs dossiers de candidatures aux classes préparatoires intégrées (CPI) entre autres des IRA, de l' ENPJJ ou de la douane.
Que fait-on au cours de ces séances ?
L’administration, c’est un peu un monde à part. Il faut en apprendre les codes, intégrer des concepts, des mots-clés. Le savoir être aussi est important, tout comme le fait de pouvoir se projeter sur la multitude de postes qui s’ouvre à vous après l’obtention d’un concours. Nous organisons aussi des concours blancs.
Quelle connaissance les jeunes ont-ils des métiers de la fonction publique ?
Ils sont méconnus. Pour beaucoup, ça se limite à l’autorité locale, comme la mairie ou la police. Ils oublient les autres métiers ou les ignorent, simplement par manque d’information. Il y a aussi une part d’autocensure, de manque de confiance en soi. Pour les concours de catégorie A, les jeunes pensent, à tort, que ce n’est pas fait pour eux.
Quel recul avez-vous sur votre action ?
L’année dernière, nous avons préparé huit jeunes. Six d’entre eux ont été admis pour la CPI de l’IRA de Lille. Cette année, ce sont 32 candidats qui suivent les séances du samedi, nous avons même dû en refuser faute de place.