Affaire du Carlton: Relaxe pour la violation du secret de l'instruction
JUSTICE•Sept journalistes étaient poursuivis pour avoir exploité des informations figurant dans le dossier d’instruction de l’affaire dite « du Carlton » de Lille, en 2012…O.A. avec AFP
Il n’y aura donc eu ni viol, ni violation, dans cette affaire dite « du Carlton » de Lille.
La justice a prononcé la relaxe, ce mercredi, à l’encontre des sept journalistes poursuivis pour recel de violation du secret de l’instruction. Le tribunal de grande instance de Lille a suivi les réquisitions du parquet, qui avait déjà demandé le non-lieu pendant l’instruction.
Les sept journalistes, qui travaillaient à l’époque pour cinq médias nationaux (Libération, Le Monde, Le Point, Le Figaro et L’Express), étaient poursuivis à la suite d’une plainte avec constitution de partie civile, déposée en mars 2012 par l’avocat d’une des prostituées citées dans le dossier.
« J’ai vu des informations publiées dans la presse alors qu’elles ne m’avaient même pas encore été communiquées par le juge », s’emportait à l’époque l’avocat d’un responsable de l’hôtel Carlton.
Dominique Strauss-Kahn, relaxé du chef de proxénétisme aggravé à l’issue du procès de mars 2015, mais condamné à verser des dommages et intérêts, s’était également constitué partie civile, ainsi qu’une deuxième prostituée.
Secret des sources
Les journalistes n’étaient pas présents à l’audience du 22 septembre, pas plus que les plaignants.
Au cours de l’instruction, les mis en cause avaient tous nié avoir détenu des procès-verbaux de la procédure, se bornant à indiquer qu’ils s’étaient servis, pour leurs articles relatant les soirées libertines auxquelles participait « DSK », d'« informations » qu’on leur avait transmises.
Ils s’étaient ensuite retranchés derrière le secret des sources qui, dans la loi, a vocation à protéger la liberté de parole de ces sources d’information.
« Je suis ravi, a réagi Christophe Bigot, avocat du Figaro, auprès de l’agence AFP. Mais ça ne m’étonne pas : la source d’une éventuelle violation du secret de l’instruction n’était pas identifiée, les éléments du délit n’étaient pas constitués. »
Relaxés au nom de « l’intérêt général »
A l’audience du 22 septembre, le procureur Bruno Dieudonné avait invoqué « l’intérêt général » des informations publiées, pour expliquer sa demande de relaxe. « Dans cette affaire [du Carlton], on avait la mise en cause d’un homme politique de premier plan, d’un policier de haut rang, de responsables de grandes entreprises, on parlait du système des escort girls », avait rappelé le magistrat, même si ensuite le dossier s’était considérablement dégonflé.
En outre, pour le procureur « l’auteur de la violation originelle n’est pas identifié, donc il est impossible de caractériser celle-ci dans la mesure où tout un tas de gens ont accès à l’instruction sans être tenus au secret ».